Pour son troisième concert de la saison, l’association des Clefs de Saint-Pierre retourne à Brahms, décidemment très choyé par les musiciens de l’Orchestre National du Capitole. Qui s’en plaindrait ? Sous le titre évocateur de « Un souffle de Brahms », cinq artistes s’investissent dans l’exécution de deux partitions de musique de chambre particulièrement rares du grand compositeur. Les deux trios qu’ils inscrivent au programme se trouvent en effet quelque peu négligés, coincés qu’ils sont entre les sonates à deux instruments et les quatuors, voire les quintettes, plus souvent sollicités. Ces œuvres, qui réunissent des instruments assez rarement associés, se réfèrent au début et à la fin de la carrière de Brahms. Un beau portrait en perspective.
Les deux partitions mettent en valeur les caractéristiques propres de deux instruments à vent particulièrement aimés de Brahms : le cor et la clarinette. Le trio pour cor, violon et piano en mi bémol majeur op. 40, qui date de 1864, est l’œuvre d’un jeune homme de trente-et-un-an qui venait de perdre sa mère. Il est toujours hasardeux de vouloir retrouver des éléments biographiques dans les pièces musicales. On observera donc plutôt dans cette œuvre colorée l’évocation des paysages chers aux romantiques de la nature et de la forêt. Alors en villégiature à Baden-Baden, Brahms notait en effet quelques années après la création : « Un matin, je marchais et au moment où j’arrivais là, le soleil se mit à briller entre les troncs des arbres ; l’idée du Trio me vint immédiatement à l’esprit avec son premier thème. »
Notons que la partition est écrite, non pas pour un cor d’harmonie, mais pour un cor de chasse, évocateur panthéiste par excellence.
Quant au Trio pour clarinette, violoncelle et piano en la mineur op. 114, il date des dernières années de Brahms. Considéré comme une esquisse du magistral Quintette pour clarinette et quatuor à cordes op. 115, il souffre encore, peut-être injustement d’ailleurs, de la proximité de ce chef-d’œuvre. La combinaison de timbres des trois instruments se révèle en fait particulièrement riche et stimulante. Voici l’occasion de rendre justice à cette page rare et contrastée.
Les interprètes, cordes et vents, de ce programme, tous issus de l’Orchestre National du Capitole, se passionnent pour la musique de chambre. La violoniste Audrey Loupy, la violoncelliste Elise Robineau, la clarinettiste Emilie Pinel et le corniste Thibault Hocquet occupent tous des postes stratégiques dans la phalange toulousaine. Ils sont accompagnés, au sens noble du terme, par la pianiste Irène Blondel, professeur au Conservatoire à Rayonnement Régional de Toulouse.
Serge Chauzy
Une Chronique de Classic Toulouse
Saint-Pierre des Cuisines
lundi 20 janvier 2014
Les Clefs de Saint-Pierre
Réservation – Festik