A priori, Cédric Klapish n’envisageait pas L’auberge espagnole comme le point de départ d’une saga. Un peu plus de 10 ans après sa sortie, c’est pourtant bel et bien ce que le film est devenu.
En 2002, le réalisateur entamait les aventures de Xavier, vingt – cinquenaire parisien un peu éparpillé dans sa vie. Au cours d’un séjour à Barcelone, cet étudiant français allait être amené à pratiquer l’art délicat tout autant que ludique de la colocation ethniquement multiple. L’expérience lui en apprendrait beaucoup sur lui – même et le sens qu’il souhaiterait donner à son existence.
Les péripéties de Xavier se poursuivraient quelques années plus tard, avec Les poupées russes. A présent trentenaire, le jeune homme voyagerait de Saint – Pétersbourg à Londres et Paris, courant après plusieurs histoires d’amour et des aspirations littéraires.
Dans Casse – tête chinois, Xavier est à présent proche de la quarantaine mais pas forcément plus assuré par ce qui se passe dans sa vie.
Devenu auteur, il s’est récemment séparé de Wendy, partie vivre à New – York avec leurs deux enfants. Bien que sa carrière soit en France (le succès commençant à peine être au rendez – vous), il décide de s’exiler outre – Atlantique pour être plus proche de sa progéniture.
Cela va être l’occasion d’y retrouver sa copine Isabelle (venue s’installer avec sa copine, pour élever leur enfant), d’y revoir Martine (sa première amoureuse), de tenter un mariage blanc avec une américaine d’origine chinoise et peut – être même de mener à bien l’écriture de son prochain roman.
Je ne vais probablement pas être aussi objective qu’il le faudrait (ou disons encore moins que d’habitude) pour aborder le cas de ce Casse – tête chinois. Il faut dire que j’ai beaucoup de tendresse envers le cinéma de Cédric Klapish car, surement comme beaucoup de gens de ma génération, lui et moi avons grandi ensemble (Tomasi, mon héros !).
Quand on est familier de l’univers d’un réalisateur, il y a un plaisir un peu immature à le retrouver, à guetter les petites habitudes de réalisation (comme le caméo que ne manque jamais d’interpréter le réalisateur lui – même), à revoir des acteurs récurrents (même quand c’est pour un tout petit rôle comme pour Zinedine Soualem). Vous le savez bien, j’ai un faible pour la notion de fidélité.
Dans le cadre particulier d’une saga, il y a en plus la sensation très agréable de retrouver des personnages là où on les avait laissés et les voir repartir dans de nouvelles aventures (écrites par Cédric Klapish, à l’origine de tous les scénarios qu’il réalise), d’y savourer des runnings gags qui avaient fait les beaux jours des épisodes précédents (la course effrénée pour arriver vers un appartement par exemple).
Alors, pour apprécier Casse – tête chinois, aurait – on besoin d’être un(e) indécrottable du cinéma Klapishien ?? Et bien non, même pas, c’est ça le plus beau dans l’affaire.
Quand Cédric Klapish se concentre sur le sel des relations humaines (comme il sait si bien le faire, sans être empesé ni didactique), il devient alors le roi du film choral, joyeux, foutraque, léger.
Il y a toutes les chances que vous appréciez cette comédie fraîche et drôle sur les déboires d’un quadra d’aujourd’hui, avec pour cadre l’une des villes les plus cinématographiques que la terre ait jamais porté (que le réalisateur a l’intelligence de filmer sous un jour neuf, sans statue de la liberté, Central Park ou Brodway avenue).
Rajoutez à cela un montage qui ne vous laissera pas le temps de vous endormir, une bande – son ludique, des acteurs bons, tout simplement (petite mention spéciale pour Cécile de France et Romain Duris), de la légèreté (comment ça je me répète ?), ainsi qu’un soupçon d’angélisme et de happy end (qui, dans ce genre de film, ne font jamais de mal !), le bilan commence à être sympathique.
En ces temps de microbes virulents et d’échéancier de taxe d’habitation, Casse – tête chinois pourrait même vous faire passer un bon quart d’heure.
En vous remerciant.