« The Way, la route ensemble », un film d’Emilio Estevez
S’attaquer au Chemin de Compostelle n’est pas une mince affaire tant celui-ci renferme de mystères et de pouvoirs. Emilio Estevez affronte ce mythe au travers de son père Martin Sheen, principal rôle de son film. En fait, celui-ci a parcouru ce chemin et lui a certainement donné quelques clés afin de ne pas trop s’en éloigner, du moins dans l’esprit. Cela a-t-il suffit ?
Nous voilà donc dans les pas de Tom (Martin Sheen), un américain pur jus, ophtalmo de profession, confortablement installé dans sa vie, veuf. Daniel, son fils, ne voulant pas connaître la vie structurée paternelle, quitte de brillantes études et s’en va, sans donner de nouvelles. Un coup de fil de la gendarmerie de Saint-Jean Pied de Port apprend à Tom la mort accidentelle de Daniel. Tom se rend immédiatement dans cette petite ville et apprend que Daniel venait d’entreprendre le Pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle. Lorsqu’il récupère le sac à dos de son fils, Tom décide, à la mémoire de son fils, de continuer le Chemin commencé par Daniel. Se morfondant dans un autisme dépressif, il ne voit pas, au début, les autres pèlerins alors que ceux-ci tentent plus ou moins habilement de l’aider à sortit de son état. Puis le Chemin fait son office. Tom découvre le mystère de la rencontre avec l’autre, essence même du Chemin. Sa carapace de douleurs va se fracturer et il va renaître à une nouvelle vie en compagnie d’un trio haut en couleurs : Jack l’Irlandais, Sarah la Canadienne et Joost le Hollandais. Si certaines séquences frôlent la caricature, l’ensemble du film est convaincant, parfois fort émouvant et rend avec justesse les joies, heurts et malheurs qui accompagnent le Pèlerin sur ce Chemin des Etoiles.
Robert Pénavayre