« Le Majordome », un film de Lee Daniels
Voici un film que j’aurais souhaité aimer. Pourquoi ? Parce que Forest Whitaker est un acteur formidable, que ce réalisateur américain m’a totalement bluffé en 2012 avec son Paperboy, qu’un film militant contre le racisme est forcément respectable, que la panoplie des comédiens engagés sur le projet était particulièrement alléchante, parce que c’est aussi une histoire vraie, une authentique et formidable ascension professionnelle. Las, au bout des longues 2h10 de ce film, Lee Daniels ne nous a délivré qu’une suite de saynètes, courtes par la force des choses, retraçant à la fois la vie de ce jeune noir devenu le Majordome de huit Présidents des Etats Unis, la lutte anti apartheid en Amérique du Nord, l’assassinat de Kennedy et de Martin Luther King, les exactions du KKK, la montée en puissance du Black Panther, les états d’âmes, à vrai dire sans grand intérêt, de Reagan, Johnson, Eisenhower, Nixon. Tout cela allègrement mélangé à la vie familiale du Majordome dont la femme s’éloigne petit à petit, le trouvant trop occupé par des fonctions qui pourtant lui permettent de vivre confortablement. San oublier ses deux fils dont l’un s’implique avec engagement dans la lutte antiségrégationniste, au grand dam paternel. Trop, c’est trop. Je comprends bien le discours, mais au bout d’un moment les béances du scénario ne font que mettre en lumière le pourquoi du comment. Force est alors de constater que le projet était trop ambitieux.
Robert Pénavayre