16ième siècle dans les Cévennes, Michael Kholhlaas vit du commerce des chevaux.
Se rendant à un marché, il emprunte comme à son habitude les chemins forestiers. A sa grande surprise, le seigneur local en a interdit l’accès, exigeant un laissez – passer. Afin de poursuivre sa route, Kholhaas laisse 2 chevaux en gage ainsi que son valet (censé s’occuper d’eux). Quelques jours plus tard, venant récupérer ses animaux, il constate que ceux – ci ont servi de bêtes de somme et que son domestique s’est évanoui dans la nature (du moins aux dires des hommes du baron qui lui ont simplement lâché leurs chiens dessus).
N’étant pas homme à se faire flouer ni dicter sa conduite, Michael Kholhlaas va voir un avocat afin de réclamer justice. Essuyant plusieurs refus, il ne va pas hésiter longtemps à prendre les armes, dresser une armée, quitte à mettre sa vie et sa propre famille en péril.
Jusqu’à l’annonce de la sélection officielle du festival de Cannes 2013, je n’avais jamais ouï dire d’Arnaud des Pallières (comme tant d’autres réalisateurs. Ma vie entière n’y suffira pas bordel …). Pour une première approche de ce réalisateur (scénariste et monteur sur chacun de ses longs – métrages, c’est assez rare pour le signaler), l’adaptation de cette nouvelle de l’écrivain allemand Heinrich von Kleist n’est pas des plus connues ni des plus légères …
Comme son personnage principal, homme à la droiture protestante et la rigueur chevillée au corps, le sujet est âpre mais non dénué d’intérêt.
L’exécution en va de même, décors et costumes dépouillés, réalisation réduite à son indispensable : pas de fioriture ni de mouvement de caméra ostentatoire (à côté de bien des films sur empilant les effets, l’expérience est loin d’être déplaisante). Seule, la photo aurait mérité un traitement moins monacal. Réduite à sa plus simple expression, elle paraît bien plate (alors qu’elle aurait pu magnifier davantage la beauté des paysages).
Arnaud des Pallières réalise un film minimal, où tout est fait pour centraliser l’attention du spectateur sur l’essentiel : des hommes et leurs obsessions. Le casting est d’ailleurs là pour porter cette envie : Amira Casar, Sergi Lopez (au trop court rôle !), le grand Bruno Ganz, le tanné Denis Lavant.
Comme je vous le disais plus haut, la réalisation ne cède à aucune tentative de réalisation excessive. Si l’habillage sonore crée une ambiance belle et grave (magnifique travail notamment de l’ensemble les Witches), le réalisateur privilégie beaucoup les silences et pas mal de plans fixes.
Par moments la méthode peut sembler ingrate. Quand on cadre 30 secondes de l’image ci – dessous, le temps paraît s’étirer.
Hou houououou !! Y’a quelqu’un … Quelqu’un … elqu’un …
Mais le procédé prend tout son sens quand la caméra s’arrête sur l’arrivée de la princesse ou qu’un tel visage vient emplir tout entier l’écran.
Ah oui, j’avais oublié de le préciser, mais c’est Mads Mikkelsen qui prête ses traits au révolté Michael Khohlaas. Arnaud des Pallières a su mettre à profit la capacité prodigieuse de l’acteur à transmettre des émotions immenses sans (presque) qu’aucun mot ne soit prononcé. A ce niveau – là, on touche le sacré.
Si vous souhaitez mesurer par vous – même la condition de la paysannerie cévenole du 16ième siècle, découvrir une autre sorte de cinéma ou simplement épauler les sorties du mois d’août (ne profitant pas de la même visibilité que leurs consœurs du reste de l’année), allez donc voir Michael Kholhaas. Si vous n’en avez pas la moindre envie, c’est aussi votre droit, je ne vous en tiendrai même pas rigueur.
En vous remerciant.