Ari Folman est un personnage un peu à part.
Si pendant des années le grand public n’a pas trop entendu parler de ce réalisateur israélien (et c’est bien normal, ses deux premiers films sont sortis de façon plutôt confidentielle. En parallèle, il a beaucoup travaillé pour la télévision de son pays, mais il est vrai qu’on la regarde peu par ici), il n’a réellement rencontré le succès international qu’avec la sortie de son troisième long – métrage : Valse avec Bachir. Dans ce film d’animation, Ari Folman racontait son expérience en tant que soldat de l’armée israélienne et les atrocités dont il avait été témoin lors du massacre de Sabra et Chatila.
Je me souviens encore de l’état dans lequel m’avait mise la projection de Valse avec Bachir, de l’impact et de la beauté de ce film et de combien les images (bien qu’elles fussent d’animations) retranscrivaient intensément la douleur immense et les traumatismes d’un jeune homme de 20 ans participant à un conflit qu’il n’avait pas choisi (petit rappel essentiel, en Israël, le service militaire est obligatoire pour les garçons – il dure 3 ans – comme pour les filles – qui s’en sortent mieux avec seulement 22 mois d’engagement -).
A l’annonce de son nouveau projet, on était en droit d’attendre une expérience aussi intense que la précédente, le réalisateur s’étant appuyé une fois encore sur la technique de l’animation, à part égale avec des prises de vues réelles.
Robin Wright (dans son propre rôle) est une actrice sur le déclin, à qui le studio qui l’emploit (Miramount) reproche de ne pas avoir suffisamment saisi d’opportunités et ne lui propose plus de rôles : trop vieille, pas assez prête à sacrifier sa vie de famille, pas assez malléable … Un beau matin, l’actrice est pourtant convoquée pour une ultime proposition : celle d’être scannée afin que son double numérique soit utilisé à la guise du studio, en échange de quoi elle recevra un dédommagement et la formelle interdiction d’exercer sa profession.
Abasourdie par une telle offre, Robin Wright la décline tout d’abord, mais devant l’insistance de son agent (le – on – se – demandait – bien – où – il – était – passé Harvey Keitel)
et le syndrome qui touche son fils (nécessitant une surveillance constante de sa part), elle finit par accepter. La voilà donc, sa signature fraîchement apposée au bas d’un contrat, prête à dupliquer un corps et des expressions qui mettront un terme à sa carrière.
20 ans plus tard, on retrouve Robin Wright roulant à fond les ballons sur une route désertique. Arrêtée à un check point, elle se présente ainsi au Congrès de la Miramount – Nagasaki en tant qu’invitée d’honneur. Le garde lui tend une fiole, elle en aspire le contenu et poursuit sa route. Peu à peu, le paysage autour d’elle se transforme, l’actrice se retrouvant projetée dans un univers d’animation complètement délirant.
C’est peu ou prou à partir de ce moment qu’Ari Folman m’a perdu en tant que spectatrice tant j’étais occupée à essayer de comprendre le monde où je venais d’être catapultée et qu’est – ce – qu’essayait de me raconter le réalisateur …
Il est vrai qu’avec une histoire transposée d’un roman de Stanislas Lem (celui – là même à qui l’on doit Solaris. Et dont l’adaptation cinématographique m’avait donné, elle aussi, quelques crampes cérébrales … Voilà ce que c’est de ne pas se renseigner au préalable bon sang !!), il y avait de fortes chances que l’intrigue prenne une tournure mystique, voire carrément ésotérique.
Ce n’est pas tant sur la forme que le bât blesse. Le dessin, très original, est un improbable mélange de cartoons des années 30 et de trip psychédélique faisant se mélanger flore multicolore, animaux mythiques et personnages célèbres, permet un voyage pour le moins inédit.
J’ai eu par contre plus de mal à saisir quel était le rapport avec ce qui m’avait semblé être le postulat de départ (à savoir toute la difficulté d’exister en tant qu’actrice mature plutôt que jeune première ou, d’une façon plus générale, le poids de la société sur l’image de la femme) et l’arrivée dans le monde animé et les aventures qui en découlent (Miroir fabuleux d’une société en mal de repères ? Rêve fantasmé de Robin Wright qui ne supporte plus la vie qu’elle mène ? Vision apocalyptique ?). Je me suis contentée de me perdre en conjectures, me détachant peu à peu d’une intrigue me laissant totalement sur le bord de la route …
Même si je reconnais aisément l’engagement et le jeu parfait de Robin Wright, le réel intérêt de la partie en prise de vues réelles et le gros travail effectué sur le monde en animation, j’admets aussi toutes mes difficultés concernant la deuxième partie du film. J’attends de ceux et celles qui seront allés voir Le Congrès de ne pas hésiter à m’apporter les éclaircissements en la matière (je vous en serais diablement reconnaissante vu que je vais bientôt être à court d’aspirine).
En vous remerciant.