L’œuvre appartient au patrimoine non seulement musical mais aussi humain parce qu’elle est simple, accessible et parle vrai. Nabucco, c’est un des rares et grands moments où le peuple et la musique ne font qu’un. A propos des préparatifs de la création en 1842 à la Scala de Milan : « La partition était tellement nouvelle, tellement insolite, le style si rapide, si inhabituel que la stupeur était générale et que les chanteurs, les chœurs et l’orchestre, en entendant cette musique, montraient un enthousiasme extraordinaire. »
Distribution
Chef d’orchestre : Nicola Luisotti
Metteur en scène : Daniele Abbado
Chorégraphe : Simona Bucci
Chœur et orchestre du Royal Opera House
Nabucco, roi de Babylone : Placido Domingo
Zaccaria, grand prêtre de Jérusalem : Vitalij Kowaljow
Fenena, fille de Nabucco, la vraie : Marianna Pizzolato
Ismaele, neveu du roi de Jérusalem : Andrea Caré
Abigaille, esclave qui ignore son origine, se croyant la fille du roi : Liudmyla Monastyrska
Du mercredi 12 juin au mardi 18 juin au Royal Opéra House de Londres, tout simplement à Covent Garden.
Durée : 2 h 50 avec un entracte
SO ROYAL ! au cœur de la musique
So Royal ! par Kristin Scott Thomas
J’ai l’immense plaisir d’être la marraine de la saison 2012-2013 des retransmissions des opéras et ballets du Royal Opera House. Depuis trois ans, j’ai suivi avec intérêt les programmations en direct ou en différé dans les salles de cinéma françaises.
J’aime ces invitations à découvrir ou redécouvrir des chefs d’œuvres lyriques, des ballets indémodables, ou des créations inattendues. Je suis fière que la grande scène du COVENT GARDEN ouvre ainsi ses portes aux spectateurs français.
Dans l’intimité d’une salle de cinéma on vit une expérience formidable avec les chanteurs, les danseurs, le plateau. La réalisation de ces «films» d’un nouveau genre rend accessible l’opéra et nous familiarise avec Verdi, Bizet, Donizetti…
Cette saison, pleine d’émotions, de créations, de diversités et de personnalités fortes va nous émerveiller nous surprendre et nous laisser de fantastiques souvenirs. J’espère que vous serez nombreux à plonger avec délice dans Nabucco, Le Lac des Cygnes ou Les Aventures d’Alice au pays des merveilles !
L’opéra au cinéma est un espace très précieux d’intelligence et d’ émotion puisse-t-il le rester long- temps….
Kristin
Ambassadrice de la saison 2012-2013
ROYAL OPERA HOUSE : quelques mots sur l’histoire de ce lieu mémorable.
Troisième théâtre à avoir été construit sur le site de Covent Garden, le Royal Opera House ne prend son nom définitif qu’en 1892 après avoir longtemps été une salle de représentations théâtrales. Entièrement rénové entre 1997 et 2000, l’édifice peut désormais accueillir 2268 personnes. L’avant-scène mesure 12m de large et 14m de haut, et la salle se compose de quatre rangées de loges, de trois balcons et d’une galerie de l’amphithéâtre. Le Royal Opera House est l’un des bâtiments les plus impressionnants de Londres.
Au cours de son histoire plus que centenaire, le théâtre a su évoluer en exploitant les développements artistiques pour maintenir la position du Royal Opera House à l’avant- garde de la technologie théâtrale. Les plus grands noms de la danse et de l’opéra sont passés sur ses planches, inscrivant ainsi le Royal Opera House parmi les plus prestigieuses maisons d’opéra du monde.
Grâce à la programmation SO ROYAL ! vous pourrez admirer la décoration à couper le souffle des plafonds rouge vif et des rideaux bordant la scène ainsi que l’arc en or couvrant l’avant-scène éclairée par des lumières rouges !
Bonne visite !
2013 : Bicentenaire oblige de la naissance de Verdi !
En 1842, à la Scala de Milan, Verdi acquiert avec Nabucco une célébrité politique autant que musicale car l’Italie d’alors, non encore unifiée, se reconnait dans le peuple hébreu opprimé par les Babyloniens et considére cet opéra comme un jalon emblématique de l’histoire du Risorgimento. Le chœur « Va, pensiero… » devient l’hymne emblématique de l’aspiration nationale à la liberté. Le nom même du compositeur sert d’acronyme politique en 1859 : « Viva V.E.R.D.I !» salue aussi bien le talent du compositeur que l’adhésion à Victor-Emmanuel II Roi d’Italie, et donc participe à la propagande pour l’unité italienne (Victor Emmanuel Roi D’Italie.)
On ne pouvait décemment pas clôturer cette magnifique saison par un autre opéra que de Verdi et ainsi célébrer le bicentenaire de la naissance du compositeur. Cette nouvelle production de Nabucco est de très haute volée ! Plácido Domingo n’a pas fini de nous surprendre, autant par sa santé vocale que par les défis incessants qu’il continue à assumer. Après ses récentes incursions dans des rôles pour baryton, habituellement, comme Simon Boccanegra et Rigoletto, il triomphe sur la scène du Royal Opera House. Au pupitre Nicola Luisotti dirige admirablement l’orchestre.
Mais à côté du chœur et ses nombreuses interventions, il y a Abigaille, la princesse terrifiante et jalouse, ivre de guerre, de pouvoir et de mort, un rôle démoniaque pour la voix. Quand le maestro se laisse conquérir par des héroïnes marquées à jamais par une faute que l’amour ne suffit pas à racheter, ou bien marquées par des amours contrariées, il arrache des sanglots à l’orchestre ou des cris et rugissements aux chanteurs. Comme ici il offre à la cantatrice un chant parmi les plus désespérés faisant appel plus volontiers à la corde sensible qu’à l’agilité bondissante des cordes vocales. Quand Verdi aime et souffre, il ne roucoule pas : il implore, il hurle, s’indigne avec une redoute vigueur. C’est Liudmyla Monastyrska qui assure ce rôle écrasant.
Nabucco est un opéra en quatre parties de Giuseppe Verdi sur un livret de Temistocle Solera, tiré de Nabuchodonosor (1836), drame d’Auguste Anicet-Bourgeois et Francis Cornue et créé le 9 mars 1842 à la Scala de Milan.
« Il est impossible que j’écrive de la bonne musique si je n’ai pas compris le drame »
L’action se déroule à Jérusalem et à Babylone en 586 avant Jésus-Christ. Nabucco, roi de Babylone, a triomphé des Hébreux. Zaccaria, leur grand prêtre, menace de tuer Fenena, fille de Nabucco, s’il ne renonce pas à ses menaces impies. Fenena aime par ailleurs Ismaël, neveu du roi de Jérusalem. Seule la foudre divine semble stopper Nabucco qui, en osant se proclamer l’égal de Dieu, tombe terrassé : l’esclave Abigaille, persuadée jusque là d’être la fille légitime du roi, profite immédiatement de la situation pour lui ravir sa couronne, s’emparer du pouvoir et l’emprisonner. Eprise elle aussi d’Ismaël, Abigaille condamne Fenena au supplice.
Depuis sa cellule, Nabucco prie le Dieu des Juifs. Il sera finalement libéré par ses hommes et interviendra juste à temps pour empêcher l’irréparable, sauvant sa fille Fenena et libérant les Hébreux opprimés. Abigaille périt empoisonnée, non sans avoir imploré le pardon pour ses crimes et béni l’union d’Ismaël et Fenena.
Pour Giuseppe Verdi, Nabucco est l’opéra par lequel tout arrive, avec lequel il décolle : premier triomphe populaire, premier coup de maitre, première preuve que l’opéra romantique italien ne se fera pas sans ce jeune musicien au tempérament puissant. Sur un sujet biblique de Solera, Verdi anime ses personnages d’une plume vigoureuse : vocalises, si on peut dire, ponctuées de cris et accès de rage pour la terrible Abigaille ; vaillance, démesure, et soudaines bouffées d’humanité pour Nabucco, roi de Babylone. Quand Verdi écrit cette partition, il a 28 ans, il vient de perdre sa femme et ses deux enfants, et c’est un échec total, un vrai four, pour son deuxième opéra, Un giorno di regno. Tous ces événements réunis en un an et demi.
Le 27 janvier 1901, l’Italie pleure. Sur le parcours du convoi funèbre pour le transfert des dépouilles du paysan compositeur seront massées plus de trois cent mille personnes. Il sera escorté par plus de neuf cents choristes et l’orchestre de la Scala dirigé par Arturo Toscanini. Verdi quitte les siens sur le chœur de Nabucco : « Va, pensiero… »
Michel Grialou
Cinéma Méga CGR de Blagnac
jeudi 13 juin et vendredi 14 juin
Réservation
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