En 2013 seront célébrées avec faste les 60 ans de la Patrouille acrobatique de France, représentant l’Armée de l’Air.
Mais n’oublions pas que ce sont aussi ceux de l’Orchestre de Chambre de Toulouse et il convient de marquer d’une pierre blanche ces noces de diamant, la pierre précieuse la plus brillante et la plus dure de toutes: 60 ans de mariage avec Toulouse de cette formation, ambassadrice de haute voltige de la musique de chambre française en région, à l’étranger, mais aussi auprès des « publics empêchés », comme l’on dit pudiquement, pour ne pas dire défavorisés par leur situation sociale ou leur maladie ou leur handicap…
Dans dix ans j’espère, je raconterai à mes petits enfants les concerts des Who, d’Hendrix et des Doors qui m’ont révolutionné dans les années 60; mais je commencerai par l’histoire du 1° orchestre que j’ai vu sur scène à 7 ans, en 1956, dans le Grand Salon de l’Hôtel de Ville de Toulouse (voir ma chronique du 12 février 2012 : https://blog.culture31.com/2012/02/12/lorchestre-de-chambre-de-toulouse-bach-la-musique-en-partage/): un orchestre de musique de chambre .
L’histoire d’une « troupe animée d’un idéal, qui a donné plus de 5.000 concerts dans plus de 30 pays différents, et enregistré plus de 60 disques. Les générations de musiciens se sont succédées, le style des interprétations a évolué sans cesse, l’organisation administrative s’est modernisée, sans que jamais l’orchestre ne renonce à l’attitude existentielle de ses premiers fondateurs : Il n’y a pas de petit concert, il n’y a pas de petit public .
De Toulouse à Tokyo, en passant par Genève et Bratislava, l’aventure continue, toujours plus exigeante, chaque fois plus exaltante. Orchestre baroque, mais aussi orchestre contemporain, l’Orchestre de Chambre de Toulouse s’appuie sur sa très longue histoire pour imaginer avec son public toujours plus nombreux l’orchestre du 21ème siècle ».
Sous la direction de Gilles Colliard, depuis 2004, année où il a failli disparaître suite à une liquidation judiciaire, devenu une Société coopérative et participative (autogérée par ses musiciens), l’OCT a choisi d’aller jusqu’au bout de sa démarche d’authenticité en proposant des concerts baroques sur des instruments anciens, mais aussi des concerts modernes avec les instruments actuels, ou encore des programmes réunissant les deux instruments.
Mais il faut aussi rappeler que l’Orchestre de Chambre de Toulouse a été le premier à soutenir le Projet culturel de l’Hôpital des Enfants et de l’Hôpital La Grave ; le 22 Octobre 1997, cet Orchestre et l’Hôpital des Enfants se sont jumelés, précurseurs du Programme Culture à l’Hôpital de Mesdames Trautmann et Tasca, Ministres de la Culture. Ses musiciens, qui jouent dans le monde entier, ont donné des concerts dans l’Hôpital pour Noël, pour la Fête de la Musique, ils sont intervenus au chevet dans les chambres, même au chevet d’enfants en fin de vie, ils ont invités les patients en état de se déplacer à des répétitions générales à la Halle aux Grains de Toulouse…
« L’Orchestre de Chambre a décidé d’aller à la rencontre des Enfants Hospitalisés pour rompre l’isolement qu’ils ressentent malgré le dévouement des soignants, même si leur famille est présente, et qui les rend temporairement différents des autres enfants. Et cet isolement est encore plus cruel, quand on ne peut pas se déplacer ou très peu.
Le musicien a un rôle de thérapeute à jouer avec tous les publics, avec les populations isolées en général et les Enfants Malades en particulier qui sont avides de connaître et de communiquer : avoir un contact avec le monde extérieur par le biais des artistes est une étape primordiale sur le chemin de leur guérison. C’est aux artistes de faire le pas pour cette rencontre, en effet le musicien ne se contente pas de faire de la musique mais il parle aussi, il présente les œuvres, et je suis ravi de le faire.
Cela doit se faire avec la musique, mais aussi avec toutes les formes d’art : il faut que les peintres, les sculpteurs, exposent à l’intérieur des Hôpitaux, on voit toujours la peinture en ville, il faut créer des galeries d’art permanente dans l’Hôpital pour le bien-être de tous ses utilisateurs, patients, accompagnants, soignants ».
En mai 2010, la Convention Culture et Santé a étendu la Convention Culture à l’Hôpital aux Etablissements médico-sociaux.
Tout naturellement, l’OCT qui continue à intervenir gracieusement à l’Hôpital Garonne, à la demande de l’Equipe d’Animation de Gériatrie (la prochaine fois, ce sera en mai), est partenaire du Collectif HandiCulture*, initiée par la Ligue de l’Enseignement de la Haute-Garonne, avec le soutien de la Mairie de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Toulouse, de la Région et de la Caisse d’Epargne Midi-Pyrénées.
Pour « encourager, promouvoir et financer des projets culturels et artistiques pour toutes personnes en situation de handicap ». Le bien-vivre ensemble est aussi culturel: toute personne, même si elle souffre d’un handicap, peut-être un acteur culturel, ne serait-ce que par sa présence au côté des valides lors d’un spectacle.
L’appel à projet 2013 sera lancé pour le printemps (tout un symbole) le 20 mars, avec clôture des candidatures le 30 septembre et les résultats le 15 novembre 2013. Rappelons que les deux premières éditions ont été couronnées de succès; et que lors de la seconde, l’OCT avait invité sur scène des personnes handicapées pour lire des lettres de Mozart.
OCT qui donnera un concert exceptionnel aura lieu à la Halle aux Grains de Toulouse le dimanche 1° décembre 2013 à 16h 30 avec le ténor Omar Hasan et les Grandes Bouches (issues des Motivés, avec le sympathique Didier Dulieux à l’accordéon), pour une création musicale alliant Jaz et Tango argentin, auquel seront invités des personnes en situation de handicap ; « dans une mixité totale » comme le soutient Renaud Gruss, contrebassiste et administrateur général de l’Orchestre.
En attendant, la formation continue sa route**, en région mais aussi à l’étranger, en portant partout la « grande musique, celle du cœur », comme disait Léo Ferré (dont cette année 2013 est aussi le 20° anniversaire de la disparition) :
La Musique… La Musique…
Où elle était la Musique ?
Dans les salons lustrés aux lustres vénérés ?
Dans les concerts secrets aux secrets crinolines ?
Dans les temps reculés aux reculs empaffés ?
Dans les palais conquis aux conquêtes câlines ?
MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !
Dans la rue la Musique !
La Musica ? nelle strade !
¡ En la calle la Música !
Music ? in the street !
Beethoven strasse !
MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !
Bon anniversaire, l’Orchestre de Chambre, buon compleanno, feliz cumpleaños, happy birthday…
Et rendez-vous dans 10 ans pour un nouvel anniversaire de Musique en partage !
Elrik Fabre-Maigné
Chevalier des Arts et Lettres
* communication@ligue31.org
** Orchestre de Chambre de Toulouse
22 Allée de Barcelone 31000 Toulouse
Tel. : 05 61 22 16 34
www.orchestredechambredetoulouse.fr/