Consulter l’article d’annonce du concert. Indispensable !!
Ce 7 février, nous retrouvons avec un plaisir non dissimulé l’orchestre et son chef dans cette exécution du chef-d’œuvre d’Hector Berlioz. Autant le concert du 1er dédié à la Sixième de Mahler nous avait laissé un peu sur la touche, les oreilles saturées, épuisées, autant ici nous retrouvons ce que nous apprécions tant, un orchestre vivant, lumineux mené par un chef d’une inventivité constante, d’une attention de tous les instants entre pupitres et solistes et interventions chorales, des qualités qui confirment, s’il en était besoin, que Tugan Sokhiev est plus qu’à son aise dans la direction d’un opéra ou d’une œuvre hybride comme cette Damnation, l’équilibre réalisé ici étant parfait entre les exigences de l’opéra et de la musique symphonique. Les coloris, la plasticité et la tenue rythmique de l’orchestre sont là tandis qu’il est inutile de discuter à nouveau de l’excellence des différents pupitres. Ce qui permet de partir à nouveau en tournée très bientôt et de se frotter sans complexe au public des plus grandes salles de concert européennes, et plus internationales encore.
L’articulation de l’œuvre entre féerie et grotesque se trouve aussi d’autant plus facilité que le quatuor vocal est d’un très haut niveau. Le Faust du ténor américain Bryan Hymel a surpris, plus qu’agréablement, traduisant au mieux les aspirations et doutes du personnage. La diction du français nous épate. Son aisance, son contrôle du phrasé aussi. Une très belle découverte donc pour le public toulousain. Preuve en est, qu’il n’y a pas que Roberto, ou Rolando.
La mezzo russe repérée en son temps par un certain Gergiev, Olga Borodina, est telle qu’on l’attendait, convaincante en Marguerite, avec ses graves somptueux, et tout le registre médium et aigu à l’avenant, ample, riche, assuré, ne faisant qu’une bouchée des fameux airs qui lui incombent, sans éviter aucune des difficultés. Mais, osons-le, il valait mieux l’écouter les yeux fermés. Quant à la naïveté romantique…
En Méphistophélès, résolu, inquiétant, Alaistair Miles est parfait, donnant au personnage toute la caractérisation qu’une version concert peut permettre sans tomber dans l’excès ou la caricature. Ni accents incongrus, ni rires sarcastiques. Pendant que René Schirrer en Brander assume pleinement ses fugaces apparitions.
Le public de la Halle connaît bien le chœur Orfeon Donostarria qui connaît bien lui-même La Damnation. La maîtrise des ensembles tout au long de l’ouvrage ne peut qu’être louée, et les applaudissements à la fin sont amplement mérités. Cependant, allons nous tenter une petite remarque sur la diction qui nous paraît sûrement perfectible encore, à moins que la configuration de la salle ne soit un brin pénalisante ! Le chœur d’enfants La Lauzeta participe à l’émotion tout à fait palpable du dernier tableau, l’apothéose de Marguerite, à qui le pardon est accordé parce qu’elle a beaucoup aimé !
Souhaitons nous une nouvelle Damnation mais, cette fois-ci, avec mise en scène, même si les tentatives sont rares, très rares.
Michel Grialou
photos © © David Herrero
Orchestre National du Capitole