Il en va parfois de certains films comme de concepts flottants dans l’air, on en entend parler sans y prêter l’importance nécessaire, l’idée nous traverse subrepticement qu’il serait peut – être intéressant d’aller les voir, mais, l’attention détournée par un évènement de la plus haute importance (écureuil ?!), pfffuit, l’idée s’évapore, disparue. Et puis, des jours plus tard, par un mécanisme des plus mystérieux et souvent au moment le moins opportun (dans la queue du supermarché, en pleine délicate opération d’épilation du mollet gauche ou au milieu d’un détartrage), un vieux retour d’acide nous rappelle l’existence de la fameuse pellicule.
Ayant tendance à interpréter ce genre de phénomène comme un signe du Dieu Cinéma, je m’en suis donc allée voir la fameuse Parade du titre.
Radmilo (débonnaire vétérinaire) et Mirko (fashion organisateur de mariage et militant convaincu) vivent à Belgrade, ont la trentaine et la mauvaise idée de vivre ensemble.
En effet, la vie n’est pas particulièrement simple pour un couple homosexuel en ex – Yougoslavie. Ils subissent l’opprobre générale, les brimades, les humiliations (leur voiture est régulièrement recouverte des pires insultes) et la violence physique de certains groupuscules aux crânes particulièrement rasés de près. Radmilo estime que faire le dos rond est la meilleure des défenses, Mirko lui veut vivre pleinement et sans honte ce qu’il est, en organisant notamment la première gay pride. Opération fort difficile à réaliser quand on sait qu’aucune autorité locale ne veut appuyer la démarche ou assurer son bon déroulement …
Pour prouver son soutien à Mirko (qui vient de subir l’agression de trop), Radmilo va avoir l’idée de persuader l’un de ses clients (Lemon, ancien mercenaire pendant la guerre en Yougoslavie et actuel parrain de la mafia locale de Belgrade) d’assurer la protection de la marche. Bien que celui – ci ne soit pas l’un des plus fervents défenseurs de la cause gay (mais sur le point de se marier et voulant prouver une certaine ouverture d’esprit à sa future femme),
il va accepter la proposition et partir avec Radmilo à travers le pays pour recruter dans ses anciennes connaissances le fameux service de sécurité.
J’aurais aimé vous dire que j’avais adoré ce film rempli des meilleures intentions du monde et au postulat de départ si sympathique. Malheureusement, les plus louables objectifs peuvent s’avérer de véritables champs de mines …
Difficile de trouver subtil un film censé traiter de l’intégration des gays et qui empile autant de clichés sur eux. En effet, était – il vraiment utile d’affubler l’un des personnages principaux d’une profession aussi désignée que l’organisation de mariages ? Ou son compagnon d’un penchant pour les foulards soyeux, l’avalage de verre le petit doigt en l’air et la mini Austin rose fuchsia ?
Fallait – il que son compagnon de route soit lui à l’opposé, une telle caricature d’hétéro, totalement obnubilé par les armes et ses faits de guerre, le fait que sa future épouse puisse le tromper avec une femme, dont le film préféré est Ben Hur – sans dec !! – et le fils, l’un des skin head du camp d’en face ?
Était – il nécessaire que le recrutement des mercenaires se pratique dans toutes les minorités ethniques, soulignant un souhait de rapprochement (certes sincère mais vraiment très appuyé) entre les peuples de régions éprouvées par des années de guerres civiles (de plus, si l’on est pas un expert en géopolitique comme c’est mon cas, on peut se sentir un brin perdu face à certaines références très locales) ?
Pas vraiment simple d’adhérer à un film oscillant – sans prendre vraiment parti – entre franche comédie (mais sans réelle bonne vanne) et drame, jeu d’acteurs parfois approximatif et intrigue téléphonée.
Il reste bien sûr l’esprit fraternel animant le film, la bonhommie de certains personnages et une volonté certaine de vouloir transmettre un message important et positif. Pour cela, vous saurez certainement être bien plus bienveillant que moi.
En vous remerciant.
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