Je sais pas vous mais moi, Quentin Tarantino, je l’aime. D’amour.
A une époque où l’animal de compagnie préféré des ados avait pour nom Tamagotchi, où les Pump étaient à tous les pieds et le balladeur – cassette sur toutes les oreilles (que celui qui n’a jamais fauté me jette le premier pog), je me prenais en pleine tête (aïe) un de mes premiers grand choc cinématographique. Un jour de 1994, j’apprenais qu’un montage intéressant n’était pas forcément linéaire, que des dialogues pouvaient être mordants, drôles et donner l’impression d’avoir été écrits sous acide, qu’une certaine forme de violence s’avérait libératrice, qu’un bon casting n’était pas toujours conventionnel, que bande originale ne rimait pas forcément avec envolées lyriques au violon, que l’hommage au sous genre pouvait se révéler un genre en soi et qu’il était possible de sauver quelqu’un d’une overdose en lui enfonçant une aiguille longue comme mon bras (j’ai de petits bras il faut dire) en pleine poitrine … Bref, j’assistais la mâchoire tombante et le cerveau en ébullition à la projection de Pulp Fiction.
Depuis, Quentin et moi, ne nous sommes plus jamais quittés. Je l’ai suivi dans tous ses projets, de film de gangsters en incursion dans la Black Exploitation, de son travail en tant que simple scénariste à sa furie vengeresse de mariée (dés)abusée. Parfois je me suis dit qu’il en faisait des caisses, parfois je lui ai reproché de s’appuyer (un peu trop) sur ses acquis mais j’ai toujours sincèrement admiré sa capacité à explorer de nouveaux territoires. Du coup, pour la sortie de sa dernière réalisation, j’étais prête. Dans les starting blocks. Depuis des mois.
Etat du Texas, 2 ans avant la guerre de sécession, par une nuit sans lune, 2 hommes en escortent 5 autres, noirs et enchaînés. Un homme dans un chariot leur coupe la route et demande si parmi eux se trouve un dénommé Django. Celui qui pose cette étrange question est allemand et chasseur de primes, ledit Django est esclave, a été séparé de sa femme et se prépare à être vendu sur un marché …
Voilà, vous n’avez pas besoin d’en savoir davantage, maintenant la seule chose que vous devez connaître ce sont les horaires de la prochaine séance.
Je ne vais pas vous la jouer à l’envers, j’ai tout bonnement adoré le film. De bout en bout. Autant sur le fond que sur la forme. Joie de retrouver un Tarantino en pleine forme, prolixe, baroque, fantasque, qui revisite et dépoussière le western comme lui seul en est capable. Un Tarantino qui sous couvert de nous en payer une bonne tranche à coup de règlement de comptes et d’expédition vengeresse, aborde, mine de rien, un des pans pas bien reluisant de l’histoire américaine : l’esclavagisme sur son propre sol. Je ne m’attarderais d’ailleurs pas plus que nécessaire sur la polémique ridicule concernant l’utilisation du terme » nigger » dans le film, tellement celle – ci me paraît hors de propos (et vous comme moi sommes suffisamment malins pour ne pas tomber dans ce débat stérile et infondé).
Je me suis délectée des kilomètres de dialogues inventifs, drôles et judicieusement décalés (mentions spéciales pour la scène d’introduction et le débat dans le groupe du Ku Klux Klan à propos des cagoules, mais que c’était bon !!).
J’ai savouré les méthodes de travail à l’ancienne avec l’utilisation de ce zoom rapide de l’avant – plan au personnage en retrait (si caractéristique de tout bon western spaghetti) et du » vrai » sang qui gicle – par litre, j’aime autant vous le dire – des impacts de balles (et pas cette abomination de sang de synthèse rajouté en post – production).
Petit message informatif : quand le côté grand guignol laisse la place au réalisme, la violence de certaines scènes peut tout de même s’avérer difficile.
J’ai adoré le duo principal du film, équilibre parfait entre le mutique Django – Jamie Foxx (impeccable en black panther du far west et allégorie exterminatrice) et le goguenard Dr King Shultz – Cristoph Waltz.
Ce dernier représente d’ailleurs l’un des points forts du film, il y trouve ici un rôle à son entière (dé)mesure (bien plus encore que dans Inglourious Basterds), où toute sa roublardise et son ironie prennent leurs pleines dimensions (je vous en conjure, allez voir ce film en VO pour profiter entièrement de la chose !). Ce type est tout simplement magique.
Le reste de la galerie de personnages vaut elle aussi son pesant de cacahuètes, de seconds rôles récurrents (Michael Parks, Samuel L. Jackson), en second rôle vu chez le copain de toujours Roberto Rodriguez (Don Johnson) et caméo* explosif tenu par Quentin himself. J’irais même de mon petit compliment concernant l’interprétation du jeune – vieux Léonardo DiCaprio, qu’il est légitime de reconnaître assez formidable, avec son vrai premier rôle de méchant psychopathe (notamment lors de la scène dite » du crâne » … Rha le con …).
Je me suis bien évidemment régalée d’une bande – son foisonnante, éclectique, démente et posant les bases dès l’ouverture (elle tourne en boucle chez moi depuis).
Mais je vais à présent arrêter là mon apologie sans aucune demi – mesure du dernier Tarantino. Et vous laisser la possibilité d’aller faire vous – même votre propre idée du génie créatif de cet homme (aucune demi – mesure je vous dis).
En vous remerciant.
* : Vous pensiez sincèrement vous en sortir sans la petite définition du jour ?? Que nenni mes bons amis ! Pour votre gouverne, un caméo (francisation du terme cameo appearance) est l’apparition éphémère dans le récit d’un acteur, réalisateur ou d’une personnalité.
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