« Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté », un film de Laurent Tirard
Nous les aimons bien notre petit gaulois et son gros compagnon. Nous les aimons parce que, finalement, quelque part nous nous retrouvons dans leurs réactions, leurs emportements et leur veulerie. Aussi il n’est rien de dire combien chacune de leurs aventures accueillies par le 7ème art est attendue avec impatience, car nous sommes conquis d’avance. Enfin, conquis, c’est un autre débat. Un débat que nous pouvons largement ouvrir au sujet de ce quatrième opus d’ailleurs.
En fait il s’agit d’un mixing (of course) entre deux albums : Astérix chez les Bretons et Astérix et les Normands. Sur une très approximative source historique, voici l’armada de Jules César (Fabrice Luchini) en passe d’envahir ce qui s’appelle aujourd’hui la Grand Bretagne. La Reine Cordelia (ancêtre de qui vous savez, ici Catherine Deneuve), envoie un de ses hommes de main, Jolitorax (Guillaume Gallienne), chercher de l’aide, à contrecœur il faut bien le reconnaître, en Gaule et plus particulièrement dans ce camp retranché qui s’oppose depuis des années à JC. Astérix (Edouard Baer) et Obélix (Gérard Depardieu), n’écoutant que leur grand cœur et manière d’aller casser du romain, partent rejoindre la prude Albion, un tonneau de potion magique sur les épaules… d’Obélix bien sûr. Ils sont accompagnés dans ce périple par Goudurix (Vincent Lacoste), un neveu d’Abraracourcix (Michel Duchaussoy, dont ce sera le dernier rôle au cinéma). Dire que le choc des civilisations est indescriptible relève de l’euphémisme. C’est d’ailleurs le pitch du film, et il est plutôt réussi. Reste ensuite, le scénario, le montage, les effets spéciaux, la direction d’acteurs, enfin tout ce qui fait un film quoi. Et là, il n’est rien de dire l’impression trouble qui s’empare du spectateur confronté plutôt à une suite de sketches qu’à un véritable long métrage. L’action se perd de ce fait dans des méandres dont elle ne sort pas et nous attendons le bon mot en lieu et place de l’émotion cinématographique. Quelques figures décrispent tout de même, telle Valérie Lemercier en so british Miss Macintosh. Dany Boon, Jean Rochefort et Gérard Jugnot font des apparitions bien timides. Tout cela ne fait pas un film. Au crédit tout de même de ce produit, le retour sur le devant d’Astérix et Obélix, un duo bien mal traité auparavant. Un retour qui permet habilement de mettre en exergue quelques sujets actuels tel que l’homoparentalité. D’autres thèmes sont habilement évoqués : les sans-papiers, la colonisation, les rapports des élites, avec le personnage de Mégacursus (tout un programme aujourd’hui !). La salle était quasiment pleine, mais pas l’ombre d’un rire en cette fin d’après-midi dominicale. Mauvais signe, par Toutatis !
Robert Pénavayre
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