Les quatre prochains concerts d’abonnement de l’Orchestre de Chambre de Toulouse abordent le répertoire sensible et intense de la Russie éternelle. Tchaïkovski et Chostakovitch composent un programme auquel participe un invité de marque, le pianiste Pascal Amoyel.
Avant le début du XIXe siècle, il est bien difficile de distinguer une musique « russe ». Les élites du pays parlent plus volontiers français que leur langue maternelle et sont férues de musique italienne. Il n’existe pas encore de conservatoire à Moscou ! Une solide tradition musicale populaire, directement liée aux pratiques religieuses, contient les ferments de ce qui va naître, mais il faudra attendre Glinka (1804-1857) pour qu’apparaisse la musique russe des temps modernes. À partir de là, c’est un déferlement ! Au point que Stravinsky parlant de Glinka pourra dire : « Toute musique russe vient de lui ».
Ce qui relie tous les compositeurs russes est sans doute la profondeur de leur désespoir et leur capacité de l’exprimer sans retenue. Peu importe que Chostakovitch soit de l’époque soviétique et que Tchaïkovsky ait déployé son génie sous les tsars : tous deux expriment à merveille ce que du côté de l’Occident on perçoit comme « l’âme slave », avec son charme et ses excès. « La plupart de mes symphonies sont des monuments funéraires » écrit Chostakovitch, et plus loin : « Je suis prêt à dédier une œuvre à chacune des victimes ».
Régulièrement mis à l’index par Staline mais tout aussi souvent adulé par le régime, son œuvre est un hommage permanent aux compositeurs allemands, de Bach à Beethoven, ce qui, dans la Russie soviétique, est la preuve d’une belle indépendance d’esprit.
De Piotr Ilitch Tchaïkovsky l’OCT jouera deux pièces méditatives : Souvenir d’un lieu cher et Elégie et Méditation, dans un arrangement pour orchestre à cordes de Gilles Colliard. De Dmitri Chostakovitch, ce sera le Concerto pour piano n°1, opus 35, dans lequel le compositeur propose un dialogue étonnant et impertinent entre le piano et la trompette, puis saSymphonie de Chambre, orchestration par Rudolf Barchaï du quatuor n° 8 en ut mineur.
Le soliste du concerto, le pianiste Pascal Amoyel s’est révélé au grand public en remportant en 2005 une Victoire de la Musique Classique dans la catégorie « Révélation soliste ». En 2010, il est récompensé par un Grand Prix du Disque, décerné par la société Fryderyk Chopin pour son intégrale des Nocturnes de Chopin. En 2007 et 2009, ses interprétations enregistrées de Liszt ont été largement remarquées et récompensées par la presse musicale. Il est également compositeur et dirige le festivalNotes d’Automne, qu’il a crée au Perreux-sur-Marne.
Ce programme sera joué les 9 et 11 octobre à l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines de Toulouse, les 10 et 12 à la salle de l’Escale à Tournefeuille.
Serge Chauzy
Une Chronique de Classic Toulouse
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