« La part des anges » un film de Ken Loach
Abonné aux récompenses cannoises (entre autres !), le réalisateur britannique a reçu pour le présent opus le Prix du Jury de l’édition 2012 du plus people des festivals de cinéma. Si nous sommes à des années-lumière de la Palme d’or 2006 qui lui avait été décernée pour le sublime « Le vent se lève », il n’y a pas non plus lieu de bouder notre plaisir. Ken Loach va ici à la rencontre de ces paumés qui hantent l’Ecosse d’aujourd’hui et plus particulièrement Glasgow. Dans une séquence liminaire, il nous présente une poignée de ceux-là en prise avec la justice. Petits larcins, petites condamnations. Pour cette fois ce seront des heures de travaux d’intérêt général. Sous la férule paternelle d’un gardien de la paix, ils vont se rencontrer et, fatalement, sympathiser. Au point que le gardien en question leur propose d’aller visiter, pendant un week end, une distillerie de whisky. Et pas n’importe laquelle. En effet, elle contient un trésor qui va être vendu aux enchères, un fût de 60 ans d’âge valant certainement plus d’un million de livres ! Malgré leur promesse de se tenir à carreau, nos quatre pieds nickelés vont monter un coup afin de s’approprier quelques litres du précieux breuvage. Comme le diable se cache partout, l’opération va leur être facilitée par la découverte d’un « nez ». Ce sera celui de Robbie, le plus jeune des voyous. Il n’en faudra pas plus pour qu’il prenne langue avec un riche collectionneur…
Le prélèvement sera un rien plus important que la célèbre part des anges que connaissent toutes les distilleries, cette infime part, bien réelle tout de même, d’alcool qui s’évapore naturellement. Ce film nous vaut la découverte d’une « figure » au charisme certain. C’est un jeune, pas du tout comédien, rencontré par hasard pendant un repérage, alors qu’il participait à une initiative de quartier : Paul Brannigan. D’un naturel et d’une spontanéité foudroyants, il se glisse dans la peau de Robbie avec une authenticité de ton qui force l’admiration. Un régal !
Si ce n’est le meilleur opus de Ken Loach, du moins porte-t-il son indéniable empreinte, faite de rigueur et d’empathie pour ses comédiens comme pour cette misère sociale dans laquelle il trouve ici une manière d’allumer une petite lumière d’espoir.
Robert Pénavayre