« Qui veut dîner avec le diable doit se munir d’une grande cuillère »…
« Pour s’introduire avec les bonnes clefs dans ce petit bijou qu’est « l’Histoire du Soldat » de Stravinsky, il faut prendre ses distances. Le fabliau qui relate une aventure faustienne ne doit pas abuser en nous entraînant dans ce conte aux allures enfantines : récitation et musique alternent, mais pour mieux épingler sarcastiquement et avec justesse l’essence même de la Musique. » Joëlle Farenc
« L’Histoire du Soldat » d’Igor STRAVINSKY sur un texte de Charles-Ferdinand Ramuz, en deux parties
Hervé SALLIOT, récitant
Edwige FARENC, violon
Elsa CENTURELLI, clarinette
Estelle RICHARD, basson
Hugo BLACHER, trompette
Dominique DEHU, trombone
Ulysse VIGREUX, contrebasse
Jean-Sébastien BORSARELLO, percussion
Igor Stravinsky fait la connaissance de Ramuz à l’automne 1915, par l’entremise du chef d’orchestre Ernest Ansermet. L’écrivain vaudois avait déjà travaillé avec lui à l’adaptation notamment des Noces, de Renard. A la fin de 1917, il est dans une situation pénible, matérielle et morale, surpris en Suisse par la Révolution d’Octobre dans son pays. Le musicien va concevoir alors avec Ramuz le projet d’une œuvre pour une “espèce de petit théâtre ambulant“ avec des moyens modestes dont les éléments narratifs seront tirés des contes populaires russes publiés par le poète Afanasiev, «Le déserteur et le Diable», le cycle de légendes ayant trait aux aventures du soldat déserteur et du Diable qui, par ses artifices, arrive infailliblement à lui ravir son âme, c’est-à-dire son violon.
Première partie
Marche du soldat – Partie de violon – Musique de scèneI – Musique de scène II – Musique de scène III
Deuxième partie
Marche du soldat – Marche royale – Petit concert – Trois danses (Tango, valse, ragtime) – Danse du diable – P – Couplets du diable – Grand choral – Petit choral – Marche triomphale du diable
« La partition de Stravinsky révèle une disparité des genres musicaux aussi surprenante que celle des instruments eux-mêmes : marches militaires et fanfares, paso-doble, tango argentin, valse mécanique de boîte à musique, ragtime, choral. La conception de cette musique en morceaux séparés la rend susceptible d’être exécutée seule, au concert. Le compositeur a d’ailleurs cautionné cette réalité en dirigeant lui-même une exécution destinée à un enregistrement indépendant de la représentation. » Jean-Michel Vaccaro – Les voies de la création théâtrale
Dans son petit ensemble musical, Stravinsky aura fait une large place au trombone et au cornet à piston ou à la trompette, chers à toutes les fanfares. Une plus large encore à la grosse caisse , la caisse plate, aux tambours, aux cymbales.
Cette importante percussion ne réclame qu’un seul servant. Les autres musiciens obligés, car chaque instrument a un rôle de soliste, sont un violon dans le rôle principal, une contrebasse, une clarinette, la trompette ou le cornet à piston, un trombone. Le compositeur a indiqué avec minutie la disposition de l’orchestre, bien en évidence d’un côté de la scène, et la place des instruments de la batterie ainsi que la manière de les tenir !! A quoi s’ajoutent un lecteur ou récitant, assis devant un guéridon, de l’autre côté de la scène, sur une petite estrade, et, éventuellement, deux acteurs, le soldat et le diable, et une danseuse qui tient le rôle muet de la princesse.
Michel Grialou
Les Clefs de Saint-Pierre – lundi 30 avril à 20h – St- Pierre des Cuisines.