Qu’e aco (comme on disait en occitan quand j’étais enfant) Boudu les Cops ? quel drôle de nom, me direz-vous ! Etymologiquement, boudu est une expression typiquement méridionale qui signifie oh la la, généralement employée en faisant des grands moulinets avec la main ; et les Cops, ce ne sont pas des policiers américains, mais des copines. Véronique Dubuisson et Bernadette Mouillerac sont déjà des vieilles routières (on the road again) de la musique, avec Bernardo Sandoval et Daniel Antoine entre autres, qu’a rejoint Dédéne venue du théâtre chanté. Trois copines qui adorent la musique (la bonne) et l’humour ; et qui veulent les faire partager.
Alors, elles chantent, elles dansent et elles racontent plein de bêtises, même si parfois il y a un petit pincement de cœur parce que le chagrin d’amour est toujours là, parce que le poème de Colette (la maman de Véronique) nous met les larmes aux yeux tellement il est beau et mériterait de figure dans l’anthologie de Régine Desforges. Saupoudrez avec une chanson de Bruno Ruiz (sur les poissons d’eau douce et la manière de les cuisiner), a litte help from my friend- un petit coup de main enregistré de l’ami Denis Leroux à la guitare, des chorégraphies de Kathy Dubuisson (la sœur), de belles lumières d’Eric Dubuisson (le frère), un son impeccable, et vous avez un spectacle complet pour tout public.
Music hall, cabaret burlesque ou grand guignol de boulevard, peu importe, l’essentiel c’est que le public rit de bon cœur ; et cela, ça n’a pas de prix. Car elles sont orfèvres en calembours et calembredaines, billevesées et coqs à l’âne, souvent tirés par les cheveux, mais ça marche (même à l’Hôpital des Enfants et à Paule de Vigier -la Maternité- où elles ont fait un tabac) ; et tant pis pour les pissefroids, les intellectuels frigides : il en faut de toutes les couleurs pour faire le monde du spectacle vivant.
Parce qu’avant tout, ce sont de sacrées musiciennes qui jouent de la basse, du piano et de toutes sortes de percussions ; et de sacrées bosseuses : leurs spectacles sont réglés au cordeau ; comme disait Sandoval, « c’est pas mal pour des filles », les bonhommes n’ont qu’à bien se tenir.
Bernadette, elle est très chouette
(comme disait le cher Nino Ferrer)
Avec elle c’est toujours fête !
Véronique, elle nous sidère, c’est magique !
Dédéne, la grande dernière, elle se démène !
Elles ont décollé avec Muriel
Comme des étoiles tombées du ciel
Avec le soleil qui était de la partie
Et qui est resté quand Muriel est parti
Alors maintenant c’est avec Dédéne
Et c’est pire que la gégène
Elle vient de l’Amée du Chahut
Et c’est un vrai Tohu-bohu
Elles swinguent comme la basse de Véronique
Et voilà le petit bonheur qui s’envole
Aux oiseaux jaloux il fait la nique
Il monte il monte il caracole !
Elles sont malignes câlines coquines !
Boudu, voici les Copines !
Dans nos cœurs c’est le toboggan,
Petit bonheur est devenu grand !
Treize ans d’existence, des centaines de concerts sur les routes de France et de Navarre, mais trois albums seulement* (on pourra s’en consoler avec le DVD qui va sortir). La Salle Nougaro était archicomble les 5 et 6 avril et le public de 7 à 77 ans leur a fait d’entrée un triomphe en les applaudissant à tout rompre ; à la fin, ce sera dix bonnes minutes de standing ovation (comme disent nos voisins anglo-saxons qui s’y connaissent en matière de comédies musicales).
En partant, elles donnent la recette du petit bonheur, une recette de grand-mère : un peu de temps, du citron et du miel.
C’était mieux demain, c’est le nom de ce spectacle qu’elles ont enregistré en DVD ces deux soirées, que l’on vous recommande vivement en ces temps de « crise économique et de grisaille politicienne » : Vamos à cantar, vamos a bailar ! Pourvu que ça dure ! Comme disait la mienne de grand-mère : « ce sont les petits bonheurs qui font le grand ».
Eric Fabre-Maigné
Chevalier des Arts et Lettres
* Les fées miroir
D’accord
C’est pas mal pour des filles