À Toulouse, le cycle Présences vocales célèbre avec « John Cage project » le centenaire du compositeur américain, à travers un parcours de concerts, performances et installations au Théâtre du Capitole.
Dans le cadre du cycle Présences vocales, pour célébrer le centième anniversaire de la naissance de John Cage, le Théâtre du Capitole consacre une soirée au compositeur américain mort en 1992. Élève de Schönberg, inspirateur du mouvement Fluxus et du groupe espagnol ZAJ, collectionneur de champignons, Cage composait pour les créations du chorégraphe new-yorkais Merce Cunningham. Cherchant à épurer sa musique, il a écrit ses œuvres sans ponctuation musicale, laissant au pianiste comme seules indications des descriptions d’atmosphère au lieu des traditionnelles nuances. Dans une scénographie de Christophe Bergon, « John Cage project » est un programme où alterneront projections de films, concerts et happenings révélant l’univers du compositeur, ainsi qu’une exposition. Kaléidoscopique et déambulatoire, la soirée réunit plusieurs artistes autour du compositeur Pierre Jodlowski et du collectif éOle.
Selon Pierre Jodlowski, «la distance et l’humour sont des traits marquants de la personnalité de John Cage. Nous avons essayé de recréer cet esprit de John Cage en lui faisant habiter la plupart des espaces du Théâtre du Capitole. On pourra découvrir une installation dévoilant l’une des inventions de John Cage, le water gong, un gong dont on modifie la hauteur en le trempant dans l’eau. Des documents d’archives, mais aussi les « Radio Music », côtoieront les temps d’improvisation, ou de semi-improvisation, notamment grâce à la contrebassiste Joëlle Léandre. Il faut que le public puisse en permanence avoir librement accès à l’univers de John Cage, en entrant, sortant, revenant à sa guise. La venue du pianiste Wilhem Latchoumia est tout aussi importante, dans la mesure où il présentera une partie du projet qu’il a réalisé l’année dernière pour la Fondation Royaumont autour du piano préparé de Cage. Préparer un piano, au sens « cagien » du terme, cela veut dire qu’on met à l’intérieur, entre les cordes, des petits objets, tels vis, gommes, boulons, pour faire en sorte que le son du piano change complètement. La préparation demeure inchangée durant toute la durée d’exécution du morceau.»
Joëlle Léandre est l’une des figures centrales de cette soirée au Théâtre du Capitole. Contrebassiste, improvisatrice et compositrice française, elle a notamment travaillé avec John Cage et Merce Cunningham. Elle raconte : «Cage, c’est une disponibilité à l’autre, une manière de donner des libertés et de vous rendre responsable. Avec Cage, on apprend constamment à être soi. Il a été mon père spirituel. Cage, chez moi, c’est une philosophie, une vision du monde. Il disait que sa musique n’était pas contemporaine, mais tout simplement de notre époque. Il est pour moi l’une des grandes figures artistiques du XXe siècle avec Duchamp. J’ai joué Cage avant de le rencontrer, puis de le fréquenter aux États-Unis. Plus que compositeur, Cage était inventeur, performer : son œuvre se construit sur une prolifération des possibles qui est une poétique de la vie. Au Théâtre du Capitole, je vais jouer « Ryoanji », écrite à ma demande, en 1984. Œuvre pour contrebasse et percussions, ou bien contrebasse et orchestre, le titre fait référence au nom d’un temple ascète du Japon.»
Jérôme Gac
Samedi 17 mars, à partir de 18h00, au Théâtre du Capitole, place du Capitole, Toulouse. Tél. 05 61 63 13 13.