La prochaine série de concerts d’abonnement de l’Orchestre de Chambre de Toulouse, les 17, 18 et 19 janvier met à l’honneur un instrument trop longtemps considéré comme désuet, le pianoforte, sorte de chaînon manquant entre le clavecin et le piano moderne. Gilles Colliard et ses musiciens invitent pour l’occasion la pianiste japonaise Yoko Kaneko.
Pendant des siècles, il n’y a pas de vraie séparation entre le métier d’interprète et celui de compositeur. Tous les grands créateurs sont également des virtuoses d’un ou plusieurs instruments. C’est le cas de Bach, de Mozart, de Beethoven. Il y a donc toujours un échange permanent entre les désirs d’évolution du contenu du langage musical, les désirs des instrumentistes et les possibilités nouvelles qu’ils explorent ou appellent de leurs vœux et la facture instrumentale qui se met en permanence au service des expressions naissantes et de la conception du son qui s’y rattache. En outre chaque compositeur destine ses œuvres aux instruments dont il dispose et les conçoit en tenant compte de leurs possibilités du moment.
La pianiste japonaise Yoko Kaneko sera la soliste de l’Orchestre de Chambre de Toulouse pour trois concerts dédiés au pianoforte
Dès la fin du XVIIe siècle, Bartolemo Cristofori, facteur de clavecin pour la famille Médicis, construit ses premiers « pianoforte », instrument cette fois à cordes frappées et non plus pincées comme le sont celles du clavecin. Il s’agit d’obtenir les « nuances » qui font défaut au clavecin, les « piano » et les « forte » subito que la famille des cordes frottées (notamment les violons) peuvent se permettre, et d’obtenir un son légèrement plus « sostenuto ».
L’école de Mannheim de Stamitz inventera le « crescendo », art de passer progressivement des nuances les plus faibles au plus fortes, et les instruments à clavier ne peuvent échapper à ce goût nouveau qui se dessine. C’est donc pour cet instrument, enfin abouti à la fin du XVIIIe siècle, que Haydn, Mozart et Beethoven composent leurs concertos et leurs sonates pour clavier. De nos jours, le retour du pianoforte pour l’exécution des œuvres classiques datant de son apogée permet à celles-ci de sonner d’une toute autre manière qu’avec un piano romantique qui n’apparaît qu’au siècle suivant !
Yoko Kaneko, l’interprète invitée pour ces concerts toulousains, commence ses études musicales à Tokyo puis entre en 1987 au Conservatoire de Paris où elle obtient les premiers prix de piano et de musique de chambre. Forte de son large répertoire, d’une lecture intelligente et de son touché unique, elle est sollicitée par de très grands interprètes et se produit dans les plus prestigieuses salles et festivals. Avec son pianoforte, elle enregistre le Concerto pour deux pianos de Mozart, les Sonates de Beethoven, et récemment « Bal(l)ade Romantique » des pièces de J. B. Gross avec Christophe Coin, le Quatuor Mosaïques et Michael Dahmen.
Elle sera à Toulouse l’interprète d’un concerte de Haydn, d’un quatuor avec piano de Mozart et, avec Gilles Colliard, de la fameuse sonate pour piano et violon « Le Printemps », de Beethoven. En outre, l’orchestre jouera la symphonie n°3 « Mannheim » de Johann Stamitz.
Serge Chauzy
Une Chronique de Classic Toulouse