Un seul lieu pour retrouver les six soirées de la saison, l’Auditorium Saint-Pierre des Cuisines.
Un seul lieu pour retrouver les musiciens de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse dans l’intimité de petites formations de musique de chambre. Ce sont eux qui créent et interprètent les programmes montés en toute liberté.
Un seul lieu pour retrouver ou plutôt pour découvrir des œuvres auxquelles on est peu habitué, par méconnaissance mais, avouons-le, un peu par paresse aussi ! Une façon de partager des moments privilégiés entre les musiciens de tous pupitres.
On reviendra en son temps sur la participation des Clefs à la création française de Kabbala, oratorio composé par René Clemencic, une rencontre musicale et amicale, entre les Sacqueboutiers et quelques musiciens de l’ONCT.
Lundi 10 octobre, le concert est placé sous le signe de la mélancolie.
Au programme, de Richard Strauss, Capriccio , Introduction pour sextuor à cordes, suivi de « Métamorphoses ».
En deuxième partie, de Piotr-Ilytch Tchaïkovski, « Souvenir de Florence » pour violon, violoncelle et alto par deux, en quatre mouvements.
Trois œuvres écrites en fin de vie par leur compositeur respectif.
– Mélancolie légère et voilée qui anime l’introduction de Capriccio , son dernier opéra, œuvre rare à la croisée de la Comédie et du Drame. C’est un cas unique d’ouverture confié à un seul sextuor à cordes. « Page admirable et harmonieuse, de pure musique de chambre postromantique. »
– Mélancolie tragique des Métamorphoses (1945) dont l’héroïsme funèbre commémore le souvenir de Munich détruite par les bombes alliées, œuvre au départ pour 23 cordes, œuvre désespérée, écrite par un compositeur accablé par le cataclysme. La simplicité de l’écriture musicale est livrée dans toute sa nudité.
– Enfin Mélancolie slave en souvenir de la ville et du temps qui ont vu en six semaines la partition de La Dame de Pique écrite. Pour rompre avec la « noirceur » de ce dernier opéra, il se plonge « avec enthousiasme et plaisir extrêmes » dans son sextuor, Après révision, l’œuvre est créée en 1892, quelques jours avant la première de Casse-Noisette et moins d’un an avant la mort du compositeur. Le seul Allegro moderato pourrait justifier d’une part, de cette nostalgie profonde, très russe, et d’autre part, de la rythmique vive et des effets orchestraux pimpants de ses ballets. L’allegro vivace qui suit constitue la page ultime de musique de chambre que Tchaïkovski écrira.
Michel Grialou
Site Internet des Clefs de Saint-Pierre