La réputation de ce cycle n’est plus à faire, et son intitulé est loin d’être usurpé. Démonstration à l’appui encore avec le concert de ce mercredi 5 octobre à la Halle. Seront présents, le City of Birmingham Symphony Orchestra et son jeune Directeur musical, Andris Nelsons, sans oublier le violoniste Christian Telztaff.
Créé en 1920 par le compositeur Sir Edward Elgar, l’orchestre a eu à sa tête des chefs prestigieux, avec un essor récent prodigieux grâce à Sir Simon Rattle qui l’a hissé en dix-huit ans, au sommet des orchestres symphoniques de par le monde. Décidés de nommer à leur tête de jeunes chefs d’exception, les musiciens ont choisi en 2008 le letton Andris Nelsons, l’un des plus grands et plus brillants espoirs sur la scène internationale des chefs d’orchestres. Trompettiste, également primé pour le chant, sa personnalité très attachante dans la vie lui est reconnue tout comme on loue son répertoire déjà si varié et son charisme sur l’estrade. Encore un chef qui appartient à ce club très fermé des génies de la baguette, qui galvanisent les orchestres et électrisent le public.
Emotion à découvert et profonde sincérité du jeu, telles sont les deux qualités citées en premier quand on évoque l’art du violoniste Christan Telztaff, qualités que l’on retrouvera, à n’en pas douter, dans l’interprétation du Concerto pour violon d’Anton Dvorak (on prononcera dvorjak). Dédié au fameux violoniste virtuose, Joseph Joachim qui ne trouva pas l’écriture totalement à son goût – pas assez virtuose, et un accompagnement orchestral trop envahissant – le concerto sera créé par un ami du compositeur, à Prague le14 octobre 1883, devant un public pouvant être plus facilement sensible et réceptif au caractère tchèque, tendre, libre, simple du premier mouvement qui trouve son prolongement idéal dans le second mouvement adagio. Le particularisme tchèque éclate dans le rondo final par le “furiant“, danse populaire de Bohème que vient tempérer une “dumka“, mélodie folklorique aux accents élégiaques et soutenus.
Auparavant, l’orchestre aura pu “se mettre en jambes“ avec l’Ouverture des Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Richard Wagner, avant de consacrer la deuxième partie du concert à la Symphonie n°4 de Piotr Illytch Tchaïkovski, partition de 1877, contemporaine donc du concerto précité. Une partition dans laquelle rarement création et biographie ont été aussi intimement liées, témoignant en effet d’une des périodes les plus douloureuses de la vie du compositeur. « Cette symphonie est une confession, l’aveu d’une âme qui, trop lourde et désolée par les vicissitudes de la vie et étant donnée sa nature fort particulière, s’épanche en musique. » Ainsi, évoque-t-il, en épistolaire forcené, sa Quatrième symphonie en fa mineur dans une lettre à sa correspondante et mécène, jamais rencontrée, Nadejda von Meck, à qui l’œuvre est dédiée. Typique de cette n°4, le troisième mouvement est un scherzo (pizzicato ostinato) – allegro qui culmine avec une marche militaire.
Michel Grialou