Un passionnant prequel
Pour son second long métrage, le réalisateur britannique Rupert Wyatt s’attaque à un film culte, le fameux film de Franklin J. Schaffner sorti en 1968, avec entre autres comédiens Charlton Heston : La Planète des Singes. Ici il ne s’agit aucunement d’un remake, mais d’un prequel, genre qui fait florès aujourd’hui auprès des producteurs et dont le but est d’expliquer comment les choses en sont arrivées là. Mais attention, le scénario du présent opus est totalement original car il ne figure absolument pas dans le roman d’origine de Pierre Boulle, sorti en 1963 et intitulé bien sûr la Planète des singes.
Will (excellent James Franco) est un jeune neurobiologiste travaillant pour le compte d’une multinationale pharmaceutique. A l’évidence il vient de trouver un remède synonyme de neurogenèse permettant aux cellules du cerveau de se reconstituer. La maladie d’Alzheimer est vaincue. Pour l’instant les applications se font sur des chimpanzés et les résultats sont sidérants. Un incident au cours d’une conférence va cependant réduire à néant les espoirs de Will. Ce dernier est d’autant plus concerné que son père est atteint par cette maladie. Qu’à cela ne tienne, fort de ses résultats, il transforme le paternel en cobaye humain. Et ça marche…momentanément, inconvénient que ne connaissent pas les primates. Bien au contraire, le remède développe chez eux une intelligence hors norme. Nous allons donc faire connaissance avec le jeune César, ce chimpanzé qui comprendra rapidement combien la race humaine est violente et inconstante. C’est lui qui va semer le trouble puis la révolution. La dernière image du film nous le montre au sommet d’un immense séquoia, entouré de ses congénères et contemplant San Francisco. Nul doute qu’il y aura une suite. Pour l’heure, le film est remarquable de maîtrise et de virtuosité. Si les singes sont entièrement numérisés, c’est après une « percap », traduisez, une performance capture, ce tout nouveau procédé qui enregistre les mouvements des comédiens dans le décor normal, au milieu des autres acteurs, puis la silhouette et le mouvement sont numérisés avec les techniques inimaginables mises aujourd’hui à disposition. A ce titre, Andy Serkis dans le rôle de César est bluffant de vérité et d’émotion. Une scène littéralement stupéfiante s’inscrit d’ores et déjà parmi les monuments du genre, celle du Golden Gate. Et dans un second rôle, surprise, voici Draco Malfoy, le vilain petit sorcier d’Harry Potter, alias Tom Felton qui, pour son premier rôle en dehors de la saga abracadabrantesque, se tire plutôt avec les honneurs d’un rôle peu reluisant.
A voir, assurément !
Robert Pénavayre