Chorégies d’Orange : concert du 11 juillet
A la tête de son orchestre, l’ONCT, Tugan Sokhiev crée l’évènement
Ce sera, tout d’abord, avec l’aide du jeune pianiste russe, Denis Matsuev, le Mephistophélès du clavier, qui ne fera qu’une bouchée du célèbre Concerto pour piano n°3 de Serge Rachmaninov. Que peut-on dire de ces mille doigts qui courent, gambadent, s’alanguissent sur ses mille touches blanches et noires. Bien téméraire qui oserait émettre quelques réserves sur ces près de quarante minutes de piano. Mais il fallait, de plus, un accompagnement orchestral sans faille. Là, le jeune chef ossète semble ne pas avoir son pareil pour créer une véritable osmose avec certains solistes. Sans parler des recoins de la partition que l’on découvre avec ravissement et qui rendent le tout plus foisonnant encore. Un grand moment de musique symphonique par un tandem hors-pair, à l’osmose totale.
Et que dire de la n°5 de P.I. Tchaïkovski. Entre la 4, la 5 et la 6, d’aucuns finissent par mélanger un peu tous les mouvements. Pourtant, ici, dès les premiers accords, nous sommes bien dans la cinquième, et nous y resterons jusqu’à la dernière note. Le fatum, le fatum, et encore le destin. Un brin d’espoir ? Même pas. L’intensité expressive est omniprésente. Pas une seconde de guimauve. Tout au long des quatre mouvements, le chef ne va déroger à l’idée de départ, et seule la valse de l’Allegro moderato apportera un peu de légèreté. Au risque maintenant de se répéter, on aura remarqué l’excellence de toutes les interventions solistes aux bois comme aux cuivres sans oublier les quatre pupitres de cordes qui se disputent la plus haute marche. Les archets ne sont plus là que pour titiller les cordes, ils sont là aussi et d’abord pour faire de la musique, et tous.
Michel Grialou
Photo: Marco Borggreve