L’été en pente douce
« Inventons les musiques » proposent avec aplomb Alain Lacroix et son équipe, pour lutter à la fois contre la canicule du temps et la sécheresse de la vie culturelle à Toulouse traditionnelle en été.
Et certes depuis pour les anciens la disparition du glorieux festival de musiques Messidor, il aura fallu attendre l’arrivée de ce festival mêlant allégrement musique classique, musiques du monde, jazz, chansons françaises, musiques actuelles et bien d’autres choses encore pour que le désert culturel habituel de Toulouse en cette période soit aboli. Toulouse plages devient Toulouse marée de musiques !
El les notes de musique vont fuser dans les lieux emblématiques de la ville : Basilique Saint-Sernin, Cathédrale Saint –Etienne, Auditorium Saint-Pierre des Cuisines, Cloître des Jacobins, Halle aux Grains, le musée Paul Dupuy, les quais de la Garonne, la place de l’Europe, Alban Minville, mais aussi les jardins de Compans-Cafferelli, du Grand Rond avec son superbe kiosque à musique si souvent vide hélas, celui de Raymond VI et de Borderouge lieu d’accueil de la future salle de musiques actuelles, et même la gare Matabiau.
Donc c’est une véritable visite touristique qui est proposée en même temps que la profusion de musiques, de toutes les musiques.
Parmi les nombreux spectacles innovants citons en vrac les croissants chauds de Don Pasta offerts aux arrivants en gare Matabiau, la restitution des concerts de Franz Liszt à Toulouse du 27 aout 1844 avec exactement le même programme redonné par le grand lisztien qu’est Dominique Plancade, et aussi un hommage à cet rock-star du piano de son temps qu’était Franz Liszt, lui qui faisait se pâmer les foules, autour des Années de Pèlerinage avec rien de moins que Romain Hervé, Guillaume Coppola, François Dumont déjà applaudis à la Salle Bleue.
L’entrée triomphale de Charles IX et de Catherine de Médicis à Toulouse sera revisité par les Sacqueboutiers et l’ensemble à Sei Voci fondé par le regretté Bernard Fabre-Garrus et conduit par le lumineux Jean-Louis Comoretto.
Amours, délices et orgues de barbarie, cuivres et bombardes se feront entendre dans toute la ville secouée par les tambours du Commando Percu. Le souci constant d’Alain Lacroix de s’ancrer dans son territoire et de détecter les nouveaux talents et de les suivre dans leur maturation, permettra de découvrir ou plutôt de retrouver pour les amoureux des scènes toulousaines Fabrice Millisscher, trombone, tout nouveau nominé aux Victoires de la Musique 2011, Trio Orlando, Pulcinella, Émile Parisien, Serge Lopez, Grabowski, Boudu les cop’s, Bazzar Boutik, Artichaut Orkestra…
Et bien sûr les incontournables et magnifiques toulousains : Les Éléments, L’orchestre du Capitole, Amestoy, Hervé Suhubiette, l’orchestre de Chambre de Toulouse, Céline Frisch…
Et j’en oublie, et j’en oublie !
Mais plus qu’une liste de noms, certes renommés, ce festival propose un sens, une cohérence, une joie de la musique. Ludique et savant à la fois (Sirba et Le Ludion, Liszt et le klezmer, L’Onct et le manouche…) Toulouse d’été sème à tous vents ses graines de folie et de savoir.
On a presque honte de partir en vacances loin cette ville alors que le poids des rêves musicaux sera à Toulouse !
Gil Pressnitzer
Festival Toulouse d’été – du 19 juillet au 12 août 2011