Jeudi 5 mai, à la Halle, s’est produit un événement : un concert pour lequel tous les absents n’ont pu que regretter, d’être ailleurs.
Un concert-phare, un concert-tendinite d’une durée de plus de deux heures et demie qui a vu les cordes sollicitées pendant les quarante cinq minutes que dure cette œuvre hybride, la Carmen-suite de Rodion Chédrine, puis les vingt et quelques du Concerto pour hautbois du même compositeur, et enfin un tsunami au Lac des cygnes qui a pu faire penser à une transposition de la partition par un chef survolté, en l’occurrence Tugan Sokhiev. Quand on sait que, mise à part le concerto, ce fut rebelote à Rodez, dimanche 8 mai..
La Carmen-suite, on peut aimer comme on peut ne pas aimer mais l’œuvre offre un savoureux mélange entre les interventions des cordes et celles par dizaines, de percussions multiples menées par cinq musiciens qui n’ont eu de cesse que de se déplacer comme des souris et de mener à bien toutes les interventions que ce soit pour quelques dizaines de secondes, ou juste quelques notes. Et tout cela sur près de quarante cinq minutes. C’est un travail remarquable de mise au point comme de concentration qui démontre, s’il en était besoin, que la phalange toulousaine brille par ses atouts, un peu plus à chaque concert. Sans parler de la vigilance et de la baguette infaillible du chef.
Le tsunami au Lac en sera une démonstration supplémentaire. Inutile d’énumérer les performances aux différents pupitres, de la harpe en passant par les cuivres et percussions, et en continuant par les bois et pour terminer par les archets comme démultipliés. On plaint la troupe de danseurs virtuels, et on se prend à regretter de ne pouvoir avoir dans la fosse une formation pareille pour les représentations du ballet. Un moyen de se rendre compte encore que la partition est bien plus riche et captivante, et même rutilante pour plusieurs numéros.
Mais le ton n’était-il pas tout simplement donné par le hautboïste Albrecht Meyer, soliste du Philharmonique de Berlin ? Les spécialistes jugeront de la technique, du souffle,…Les profanes auront pu tout de même apprécier l’extrême qualité de la performance dans l’interprétation de ce concerto contemporain, de même que l’affabilité et la générosité de l’artiste qui, dans quatre “bis“, a pu achever de nous convaincre – si nécessaire – de son talent – et si on peut appeler “bis“, la Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel !
Grande soirée, très grande soirée.
Michel Grialou