En ouverture de ce concert, l’Orchestre interprète une œuvre de Rodion Shchedrin, musicien russe né à Moscou en 1932 qui subira toutes les turpitudes du régime soviétique, sous Staline d’abord puis bien davantage sous Kroutchev. Si tous les genres musicaux – de l’opéra à la musique de chambre avec soliste – sont représentés dans le catalogue des œuvres de Chédrine, la danse y occupe une place privilégiée, et ce, pour une raison bien simple : le compositeur a en effet écrit ses cinq ballets pour sa femme Maïa Plissetskaïa, danseuse étoile légendaire du Théâtre du Bolchoï. Le plus célèbre de ces ballets, et en même temps l’œuvre actuelle la plus connue de Chédrine, et la plus populaire, est la Carmen-suite, qui doit sa naissance à un hasard, vous expliquerait le compositeur. C’est ainsi qu’il façonne un brillant arrangement à partir du matériau de l’opéra Carmen de Georges Bizet et du matériau aussi de deux extraits de l’Arlésienne et de La jolie fille de Perth : treize numéros pour grand orchestre à cordes, timbales et quatre groupes de percussions. La création eut lieu le 20 avril 1967 au Bolchoï de Moscou. On notera que c’est Dimitri Chostakovitch qui aidera l’entrée peu à peu de ce ballet au répertoire des théâtres. Son refus en 1968 de cautionner l’entrée des troupes du Pacte de Varsovie à Prague ne lui avait guère procuré beaucoup d’appuis gouvernementaux.
Pour suivre, nous aurons la création française de son Concerto pour hautbois, avec pour soliste le hautboïste allemand Albrecht Meyer, hautbois solo du Philharmonique de Berlin, donc un des plus grands sur la planète, ce dont nous nous réjouissons, même si, au vu de la très grande qualité des pupitres hautbois de l’ONCT, on aurait bien fait un peu cocorico avec l’un d’eux mis en avant ! Mais le fait qu’aussi Albrecht chante depuis le berceau a peut-être été la carte supplémentaire, le concerto venant après la Carmen-suite !
« Mon Concerto pour hautbois a été écrit en 2009 ; il comporte trois parties jouées sans interruption. Pour la partie soliste, mon intention a été d’offrir à ce merveilleux instrument toutes ses possibilités techniques et artistiques. Dans ma partition, il y a cependant d’autres acteurs essentiels : d’une part, le cor anglais, qui constamment imite le hautbois ou lui répond (cette forme de duo s’étend à toute l’œuvre) et, d’autre part, l’orchestre lui-même ; son rôle, de mon point de vue, n’est pas d’être confiné à l’accompagnement du soliste. Chaque musicien de l’orchestre doit avoir la possibilité de montrer sa virtuosité, à la fois comme musicien d’orchestre et comme soliste. » Rodion Shchedrin
La deuxième partie du concert sera consacrée à Piotr-Ilyitch Tchaïkovski. L’orchestre interprètera des extraits du ballet Le Lac des Cygnes, toujours sous la baguette de Tugan Sokhiev. Chaque suite propose un résumé de la partition avec des extraits qui servent à définir l’atmosphère poétique du ballet. Gageons que le désir ardent du début du ballet sera parfaitement évoqué par le thème plaintif du hautbois !
Michel Grialou
Concert du jeudi 05 mai 2011 – Halle aux Grains