Une Provence de carte postale
C’était évident qu’un jour ou l’autre Daniel Auteuil passerait derrière la caméra. C’est fait avec ce remake d’un film culte éponyme tourné pendant les années de guerre (1940) par Marcel Pagnol avec quelques-uns de ses comédiens préférés : Raimu, Charpin et Fernandel. Le challenge était, pour le moins, osé, particulièrement pour un débutant qui ne sait pas encore qu’il n’y a rien de plus casse-gueule qu’un film qui a l’air simple surtout si celui-ci a été tourné par Marcel Pagnol. Eh non, il ne s’agit pas de maîtriser l’accent provençal pour se sortir de l’affaire. Allez, malgré toute l’affection que l’on peut avoir pour ce comédien sensible et si attachant, force est de reconnaître que l’essai n’est pas transformé. Certes, dans le rôle autrefois tenu par Raimu, celui du puisatier, Daniel Auteuil retrouve les accents bouleversants d’Ugolin, mais c’est vraiment la seule qualité de ce film dont la photo et les cadrages ont la saveur aseptisée des cartes postales. Ce parti pris esthétique peut, à la limite, se défendre. Ce qui est inexcusable et, peut-être, rédhibitoire, c’est sa direction d’acteur. Si Daniel Auteuil dirige à la perfection…Daniel Auteuil, c’est peu de dire que les autres comédiens sont à l’abandon. Kad Merad n’a pas l’ampleur douloureuse d’un Fernandel dans Félipe. Le couple Mazel formé par Sabine Azéma et Jean-Pierre Darroussin frôle la caricature. Et que dire des deux jeunes : Nicolas Duvauchelle en Jacques totalement transparent et Astrid Berges-Frisbey en Patricia ânonnant son texte ? Rien sinon qu’ils ont tout intérêt à faire attention à l’avenir car ce type de réalisation n’apporte vraiment pas grand-chose au moulin de leur talent. Bien au contraire !
Dommage car l’entreprise était sympathique.