Ultra réaliste
Le soir de Noël de 1994, la France retient son souffle. Quatre terroristes du GIA viennent de s’emparer, à l’aéroport d’Alger, de l’Airbus à destination de Paris. A bord, 227 personnes. On apprendra plus tard que leur but était de s’écraser sur la Tour Eiffel. Hallucinant prélude aux évènements du 11 septembre 2001. Après de longues négociations et 3 passagers exécutés, l’avion décollera direction Marseille où il atterrira le 26 décembre en pleine nuit. Entre temps, le GIGN a mis au point son plan de libération de l’Airbus. Et c’est en direct, devant 21 millions de téléspectateurs que l’opération s’est déroulée. Le second opus de Julien Leclercq nous retrace cette sanglante affaire avec un réalisme stupéfiant. Epaulé par le GIGN au grand complet, y compris le général Favier qui commandait l’opération, ce jeune réalisateur à peine trentenaire signe ici une œuvre magistrale d’une virtuosité renversante de maîtrise. Le film se passe dans trois univers : l’avion, la caserne du GIGN et les couloirs ministériels, dont chacun a son héros. Pour l’avion, ce sera le djihadiste Yahia Abdallah (ici Aymen Saïdi, remarquable et déjà remarqué dans « Dernier étage à gauche » d’Angelo Cianci), pour le GIGN, ce sera Thierry, un soldat qui aura pour mission de mener ses hommes à l’assaut (encore une fois Vincent Elbaz nous montre combien il est convaincant dans ses rôles dramatiques), enfin les lambris ministériels résonneront des talents volontaires de Carole Jeanton, une technocrate ambitieuse et déterminée (Mélanie Bernier est ici le point faible du film. Dommage). L’assaut proprement dit est littéralement vertigineux, non seulement dans l’action, mais aussi dans la souplesse de la caméra qui nous fait vivre cet instant dramatique avec une incroyable intensité.
Un moment d’Histoire qui rend de facto un vibrant hommage à un corps d’élite d’un dévouement et d’un courage exemplaires.
Robert Pénavayre