Dans le cadre des Grands Interprètes, Le Budapest Festival Orchestra, son Chef et Directeur Ivan Fisher sont à la Halle aux Grains pour deux concerts les 13 et 14 janvier.
Fils de violoniste, compositeur et chef d’orchestre, le hongrois Ivan Fischer étudie d’abord le violoncelle, mais très vite va prendre la direction de son père,et de son frère aîné, et devenir… chef d’orchestre.
D’abord remarqué en 1977 comme assistant de Nikolaus Harnoncourt ( dont il a suivi les cours d’interprétation de musique baroque), c’est en 1983, avec l’aide du pianiste Zoltan Kocsis et du compositeur et chef Peter Eötvös, qu’ennemi de la routine Ivan Fischer fonde le Budapest Festival Orchestra. Avec le mot festival, car « festival », c’est comme fête. C’est le début d’une des plus excitantes entreprises musicales de la scène musicale hongroise, et très rapidement de la scène internationale. Avant même le premier concert, le débat aura fait rage dans un pays de forte tradition mélomane. Cet orchestre privé doit-il être subventionné ? Peut-il débaucher les meilleurs musiciens des plus grandes formations d’Etat pour se constituer ? Le succès coupera court à la question : les musiciens se voient offrir de meilleurs cachets à l’étranger et la décision est prise grâce à une subvention de la ville d’en faire une structure permanente, véritable fenêtre ouverte sur le pays à l’étranger. En contrepartie, Fischer attend aussi de ses musiciens, hors tournées à l’étranger, qu’ils se produisent en formation de chambre, en duo ou en solo dans les écoles.
Refusant le rôle du professeur qui dicte à ses élèves ce qu’ils doivent jouer, il préfère le qualificatif de « metteur en scène » qui laisse ses comédiens travailler ensemble, et discuter des options possibles avec lui. Résultat, une phalange avec un son, une pâte tout à fait caractéristique des plus grandes formations au monde.
Ivan Fischer est bien digne de cette déjà longue tradition d’une école hongroise de direction. Pour vous enthousiasmer, au menu deux programmes.
Le 13, deux charmantes œuvres d’Igor Stavinski, le Scherzo à la russe et Tango. Puis, une des plus grandes symphonies de Joseph Haydn, la n°92 dite “Oxford“. Et pour clore, de Bela Bartok, l’immense Concerto pour orchestre, une des plus grandes œuvres orchestrales du XXè siècle par la rigueur de sa construction et la splendeur de ses couleurs de timbre.
Le 14, c’est un des plus populaires des concertos pour piano et orchestre qui sera interprété sous les doigts de Stephen Hough, le n° 1 de Franz Liszt. En quatre mouvements donnés sans interruption, il enfièvre son public. La personnalité du soliste anglais, plus préoccupé par l’art de jouer du piano que de se livrer à un moment d’esbroufe, devrait enthousiasmer par une virtuosité entièrement au service de l’œuvre et de son compositeur.
Le concert aura débuté par quelques Danses populaires roumaines du hongrois Bela Bartok et se terminera par un “ Himalaya“ des écritures orchestrales, le Sacre du printemps d’Igor Stravinski, ce moment unique de l’histoire de l’esthétique musicale, ces trente-cinq minutes de terre, de sang et d’effroi, cet immense tunnel païen, « la sublime montée de la nature qui se renouvelle, la montée totale, panique, de la sève universelle. » Electrochoc assuré.
Michel Grialou