Catherine Deneuve, potiche impériale
Créée en 1980, la pièce de Barillet et Grédy connut un retentissant succès et des centaines de représentations. Jacqueline Maillan tenait alors le rôle de Suzanne, cette femme de pdg réduite à l’état de potiche par un mari fort peu recommandable en vérité. Le dernier opus de François Ozon reprend la structure de cette pièce, en modifie sensiblement le dénouement et actualise quelques répliques, tout en gardant son esthétique vintage. Robert Pujol dirige son usine de parapluie avec une autorité qui confine au despotisme. Molestant un délégué syndical, il provoque une grève. Mais le cœur du tyran flanche au point de l’envoyer à l’hosto. Quid de la direction ? La jeune fille de la maison, avec ses problèmes de couple et sa sensibilité capitaliste, ne paraît pas l’idéale. Son frère, lui, plus à gauche, ne s’intéresse qu’aux Beaux-Arts et à sa mystérieuse bien-aimée parisienne. Reste Suzanne. De fil en aiguille, elle va retrouver, dans ce conflit, Maurice, un député-maire communiste qui fut son amant. Celui-ci arrêtera la grève. Sur de nouvelles bases plus paternalistes, l’usine repart d’un bon pied et même se développe. Mais l’impulsif Robert veut revenir aux affaires. Là, les choses se compliquent sérieusement.
Avouons s’être beaucoup amusé à ce film. D’une part, l’intrigue est bien ficelée et les répliques, comme au théâtre, font mouche. D’autre part, François Ozon a réuni un casting de rêve. Et avoir décidé la grande Catherine à succéder à la Maillan, chapeau ! D’autant que c’est une totale réussite. Impériale, elle s’accapare ce personnage pas très clair finalement avec une désinvolture et une franchise de ton qui force l’admiration. Pas un regard, pas un geste, pas une intonation inutiles. Elle est épatante. A ses côtés, Gérard Depardieu, Fabrice Luchini, Karin Viard, Judith Godrèche et Jérémie Régnier sont tout simplement au diapason. C’est tout dire !
Robert Pénavayre