Au programme de ce Môrdi : un film en compétition : « SOUS-SOLS » de Ulrich Seidl, un court-métrage « LE MARI, LA FEMME, LE COCHON ET L’AMANT » de Jacques Mitsch et une avant-première « The Phantasmagorical Clarence John Laughlin » de Gene Fredericks.
« SOUS-SOLS » de Ulrich Seidl est donc le premier film de la compétition a avoir été proposé au public hier, et classe absolue, en salle A de l’ABC donc au sous-sol. L’idée est simple : dans leur sous-sol, les gens seraient plus libres, plus eux-mêmes. La chambre est à l’adolescent ce que le sous-sol est à l’adulte : son univers à lui. Ulrich Seidl nous fait découvrir l’intimité d’Autrichiens, célibataires ou en couple, jeunes ou âgés, homme ou femme. Les morceaux de vie ou les témoignages face caméra sont tous en plan fixe. Le cadrage toujours judicieux renforce la puissance de ces portraits. Et le montage est tout simplement extraordinaire : le croisement des parcours nous hypnotise de plus en plus. Bienvenue donc dans un monde où on peut chanter de l’opéra dans une salle de tir, où une tête flotte au dessus de trains miniatures, où les obsessions relèvent de la psychiatrie ou seraient condamner par la loi, où la sexualité est très très libre. Si vous pensiez que Michael Haneke était quelqu’un de malsain, ce film montre que l’Autriche regorge de personnes du même acabit. Tantôt touchant, tantôt hilarant, définitivement grolandais, « SOUS-SOLS » est un grand film.
« LE MARI, LA FEMME, LE COCHON ET L’AMANT » est le dernier court-métrage de Jacques Mitsch. Comme Serge Regourd, vice-président de la cinémathèque, et comédien du film (à gauche sur l’affiche) l’a rappelé « à l’heure où tous les films se ressemblent, dès qu’on voit un de ses films, on peut de suite reconnaître sa patte« . Cette comédie musicale (paroles d’Éric Lareine et musique de Gilles Carles) suit la chasse à un gros sanglier qui terrorise la population de la région de Touffay. Le côté grolandais du film s’est poursuivi après la projection, où toute l’équipe du film a continué à se mettre en scène lors de la rencontre avec la public, grâce à l’intervention de la chaîne JPH TV.
Le film est en compétition GRO COURTS, et sera projeté vendredi 18 septembre à 16h à l’ESAV, où comme chaque année, le public élira le meilleur court.
« The Phantasmagorical Clarence John Laughlin » faisait sa première avant-première européenne hier au FIFIGROT en présence de son réalisateur Gene Fredericks. Les difficultés de lancement du film (oui, ça arrive, dans chaque festival) n’a jamais entaché la joie du réalisateur d’être présent parmi nous. Dans les années 70, Gene Fredericks filme Clarence John Laughlin, photographe connu comme étant le père de surréalisme américain. La rencontre se passe mal : Laughlin est certes un génie en son art, mais il est surtout un emmerdeur. Gene Fredericks ne touchera pas ses rushes pendant 38 ans. Poussé par d’autres, ces uniques images tournées sur ce maître sont le support d’un portrait montrant ses photos de cet « Edgar Allan Poe de l’appareil photographique« , la personnalité de « quelqu’un du XIXe siècle bloqué au XXe siècle« , la passion pour les livres qui occupait tout son temps et son espace, et son caractère bien trempé. Connaissez-vous beaucoup de photographes proposant une exposition en braille ? Le montage est ici aussi très judicieux, et permet un portrait complet et passionnant au travers de nombreux témoignages. Un film qui donne envie de se (re)plonger dans le travail de Clarence John Laughlin. Un immense merci à Gene Fredericks pour cette belle soirée.