Jacqueline, Patricia, Fabrice, Jérôme, un barman d’alors, Hervé
Les plus anciens connaissent Hervé et Fabrice, mais aussi la “patronne“, Jacqueline, celle qu’Hervé ne sait pas appeler autrement que maman aussi bien devant les employés que les clients de la salle ou du resto, l’été. La madre qui n’a pas envie de se livrer à des confidences ou plutôt, qui aurait presque peur de trop s’extasier sur ses petits “chéris“. Alors, s’il devait y avoir juste quelques mots, livrés comme ça, sans fioritures :
« C’est un courageux, lui ((Hervé)) et son frère, ils ont beaucoup travaillé et ils continuent, mais, du courage, il leur en a fallu encore davantage surtout après l’explosion, ce tragique 21 septembre 2001à 10h17. Se retrouver avec son bébé récemment refait,(( l’arbre au milieu, on en parle encore,)) avec un calendrier de festivités pour l’automne et l’hiver plein à craquer, tout ça, anéanti, il fallait un sacré courage pour ne pas tout laisser tomber. Eh bien non, ils ont redressé la tête. Et en plus, Hervé était chez lui au moment de l’explosion, la maison située au-dessus du Bikini, complètement explosée, des morceaux de vitres partout : un désastre.
Alors oui, ils ont été aidés, d’abord, pour trouver une solution de reconstruction, mais où ? puisqu’au même endroit, c’était impossible. Les aides politiques ont été efficaces mais tout n’est pas arrivé tout seul, comme par enchantement. Financièrement on pouvait repartir, mais il fallait l’aide de toute la communauté du spectacle.
Et là, on peut penser que c’est grâce à leur tempérament très apprécié dans ce milieu que les soutiens ont été au rendez-vous. Pendant six ans, il a fallu qu’ils galèrent pour trouver les salles, les artistes, suivre la construction du nouveau Bikini, assurer la marche du Bikini hors les murs, mais finalement ils ont tenu bon, et voilà. Je suis très très fière. »
« Vos papiers !!!! », voilà une injonction qui n’est pas de coutume chez les « Bikini », si ce n’est pour quelques rares concerts interdits au moins de 18 ans ! Mais, côté ton ! on y met un peu plus de douceur ! Evidemment, certains sont tellement pressés de franchir la porte de l’antre qui a vu délirer leurs parents qu’ils y viendraient en poussette. Non, l’injonction n’est pas très prisée ici car la famille est, disons, férocement ancré à …gauche, et le revendique haut et fort. Et la salle du Bikini a toujours été un lieu de rassemblement, de tolérance, de soutien pour toutes les causes ayant un lien avec les milieux de gauche. Ici, on ne plaisante pas avec la « chose » !!!
Le pourquoi de certaines dates, le 17 septembre, le 17 juin…Voilà le coupable!!
Cette passion pour monter des concerts, est-elle véritablement née à Londres ?
Absolument. J’avais 20 ans, parti à Londres pour décrocher plus vite des certificats pour l’hôtellerie ; en me baladant, un jour d’été très agréable, j’ai poussé la porte d’un pub pour boire une bière, pub dans lequel un petit groupe faisait de la musique, du rock. Et là, je me suis dit, c’est çà que je veux faire, et que j’ai fait dans le bistrot de mon village paumé d’Aulon. C’est tout simple.
L’espoir d’avoir un jour qui ? Qui manque à l’appel plus que d’autres ?
Il faut toujours rêvé à l’impossible. Et l’impossible, c’est ? DAVID BOWIE sur la scène du Bikini !!! Après çà, la Terre peut s’arrêter de tourner…24 heures.
Si tu n’avais pas fait le Bikini, quel autre boulot ?
Je voulais être, à 14 ans…coureur cycliste !!! ou archéologue.
((Il ne le dit pas, mais il a été champion de lutte gréco-romaine à très haut niveau !))
La piscine ? cela date bien de l’Aquarius ?
Absolument. Mais avant encore, il y avait le Moulin Rouge, mais sans piscine ! L’historique du lieu, il faudra bien qu’un jour je le fasse avant que les anciens qui l’ont connu aient tous disparu, mais il y avait bien une piscine du temps de l’Aquarius, tandis que si on remonte plus loin encore, les clients allaient même faire trempette dans la Garonne, juste en dessous. Une vraie guinguette, comme tout au long du chemin des Etroits. Mais, qui sait ? bien davantage qu’une guinguette ? Sûrement.
Le coup de la baignoire de Simone Signoret, légende ou réalité ?
Réalité, c’est lors du tournage d’une séquence du film « Le Jour et l’Heure » de René Clément sur l’endroit, que Casque d’or a eu besoin de commodités et que les propriétaires de la maison construite alors en dessus lui ont prêtée la salle de bains. Et cette maison est la mienne maintenant, depuis une vingtaine d’années, et la baignoire y est toujours !
As-tu véritablement idée que le Bikini, c’est une véritable institution ?
Ce n’est pas à moins de répondre à cette question.
Et je réponds donc à sa place ! OUI, le Bikini est bien une institution !!!!!
Fier de la réussite, c’est obligé, mais surtout fier de quoi ?
Fierté n’est peut-être pas le mot, mais satisfait davantage, satisfait que le Bikini soit toujours là, satisfait d’avoir su évoluer, de prendre les virages au bon moment, de regarder toujours devant, d’arriver à capter les nouveaux courants, pouvoir accueillir les nouvelles générations, faire que finalement trois générations finissent par se côtoyer, c’est assez géant.
On sait qu’une autre de tes passions, ce sont les coquillages !! On penserait plutôt guitares électriques, vieux micros, blousons, que sais-je ?
Je collectionne un peu tout, je ramasse un peu tout. Au bord de la mer, ou d’un océan, il me faudrait une brouette !!! Et puis au milieu, il y a eu un jour des coquillages, et un, plus joli que les autres, un qui m’a fait délirer, du style, comment un animal a-t-il pu créer une coquille aussi belle, comment ça peut être aussi délicat, comment des dessins pareils, comment des figures géométriques aussi parfaites, ces couleurs, comment ? mais le délire était né, c’était foutu, et c’est devenue au fil des ans, et des séjours aux Philippines, une VERITABLE PASSION. Et en plus, j’ai adoré les Philippines où pendant 15 ans, j’ai trouvé là-bas, parmi les plus beaux.
On ne divulguera pas tous ces joyaux accumulés mais c’est une très très belle collection.
Hervé, Patricia, Fabrice et Jacqueline et la R5( !) de l’époque, le tout au bord de la piscine du Bikini, Chemin des étroits
Mais, la mama ne dira jamais, qu’elle y est sûrement pour quelque chose !! Hervé et Fabrice, des courageux, oui ! et elle une princesse !!! Nous, on sait que la princesse a un sacré caractère, et est bien à l’origine de cette formidable aventure. Qui a démarré au Paddock avec une clientèle plutôt border line ? pendant que le fiston s’essayait à monter quelques concerts dans le seul bistrot de son village natal, Aulon ? Qui a vite vendu Rue de la Concorde pour s’installer Au coup de grâce, vite quitté et transformé par le suivant en un resto, La Criée ? Qui a pris le risque de reprendre La Mandragore et de faire venir sur les bords de Garonne, le fiston égaré au pied des Pyrénées ? Et voilà comment va naître le Bikini en même temps que le deuxième petit-fils de la patronne, Brice, le fils de Patoune et d’Hervé.
Patricia, préposée au vestiaire du Bikini, Chemin des étroits et Hervé
On rappellera, vu le nombre d’erreurs relevées dans certains articles ! que le choix de Bikini ne relève en rien du nom de l’atoll retenu pour baptiser un élément d’une tragique circonstance, mais tout simplement en référence à des tableaux particulièrement irrévérencieux d’un certain peintre bien français, anticlérical, antimilitariste, le dénommé Clovis Trouille, peu connu, c’est vrai, mais dont le tempérament “colle“ bien à certaines idées de ce cher Hervé !! Aurait-il donc un instant, rêvé de retrouver prenant un bain de soleil au bord de sa piscine, quelques religieuses en……bikini ?!! Un certain panneau semblerait le prouver mais elles semblent avoir déjà quitté le haut ! et peut-être aussi le bas !
Le Bikini de Clovis Trouille
Hervé au bord de la piscine Chemin des étroits
La suite, on la connaît. Tous les artistes qui sont venus et pour certains revenus, des fidèles, et les centaines de groupes qui se sont essayés sur la scène du Bikini, certains avec un moindre succès, mais ils y sont passés, d’autres s’en souviennent comme de leur tremplin, et d’autres maintenant. La flamme est toujours là. Consultez les multiples articles dans lesquels vous allez retrouver pour certains d’entre vous, les responsables des mémorables soirées passées en bord de Garonne.
Alan Vega, le chanteur du groupe Suicide, monte sur la scène du Bikini le 17 novembre 1983 : un EVENEMENT.
Mais ces artistes, tous autant qu’ils sont, sont près à témoigner, que si le public de cette salle devenue mythique est un public de rêve, tous reconnaissent que c’est la patte du patron qui soude le tout, un cœur hénaurme, le tempérament, la disponibilité, les colères monumentales ou plutôt les coups de gueule qui disparaissent aussi vite qu’ils ont apparus, l’accueil si chaleureux des artistes, paraît-il si rare dans ces salles spécialisées, piscine ou pas piscine, un TOUT quoi.
Preuve supplémentaire, deux générations fréquentent maintenant le lieu : les grisonnants toujours “accros“ des groupes rock et les enfants, si on peut dire, rock toujours pour certains, mais aussi hip-hop, électro, techno, etc …car l’ouverture est là, en trente ans les goûts ont évolué et le Bikini a su mettre au point une programmation qui rend le lieu incontournable, et le Week-end des curiosités devient un must au ……BIKINI, ou autour du BIKINI, qui n’est plus une salle pour le rock uniquement mais bien une salle de musiques actuelles. Un virage parfaitement négocié qui lui permet de rester une salle tout à fait en haut de l’affiche sur le plan national, et reconnu internationalement.
C’est la rançon en échange de l’ITW accordée !!! Il est incorrigible !!
Le resto ouvre sur 3 mois, mais on n’en parlera pas de trop, histoire de se protéger un peu. Là, on va, je vais être parfaitement égoiste, sans aucun état d’âme. Les habitués remarqueront les 3 nouveaux palmiers, dont le tronc est strictement sans analogie aucune avec le look du big boss !! On n’a pas été champion de lutte gréco-romaine sans qu’il n’y ait de beaux restes !!
Le gel, début 2012, a eu raisons des trois premiers palmiers. Les nouveaux abriteront, on l’espère davantage du soleil que de la pluie, les aficionados des plats du resto à partir du 17 juin. Ils sont de l’espèce chilensis et du genre Jubaea, très rares en France, pour les curieux.
26 mai 2013 : vide-greniers, animations, expo de belles américaines et les futurs clients qui dansent au pied des palmiers
40 ans d’amitié, je crois pouvoir l’affirmer. Quelle famille !!
Michel Grialou
Le Bikini
La mémoire du Bikini