Gros dilemme ce jeudi soir 8 novembre pour ceux qui savent trouver dans la musique et les petits clubs où ça chauffe une alternative à la grisaille météorologique. Le groupe Toulousain de jazz-rock Walter Sextant sera au Taquin (Amidonniers), tandis que la Canadienne Zoe Boekbinder débarque de sa lointaine … Louisiane pour une tournée européenne qui passe par Le Metronum (Borderouge).
Deux bons artistes le même soir, mais pas dans le même style, chacun fera selon son coup de cœur ou sa curiosité.
Zoe Boekbinder, aussi légère qu’un passereau du folk song
Guitare-voix, c’est l’exercice le plus exposé pour l’artiste et aussi le plus révélateur de la qualité des compositions. Dans cette forme tellement répandue et sans céder au cliché de la-fille-avec-une-guitare, Zoe Boekbinder offre de bonnes chansons, musicalement raffinées et soutenues par un jeu de guitare d’une belle maturité (lisez : riches harmoniques et pas de chichis). Ses ornementations vocales minimalistes, agencées quelquefois a cappella, sont d’une élégance rare. Dans le registre de la fraîcheur, Zoe pose son timbre comme une couleur familière qui touche l’intime comme y parviennent aussi, à leur manière, d’autres belles voix qu’on aime : Joni Mitchell, Laura Marling, Josephine Foster, ou encore la trop peu connue Jenny Lysander. Pour ne rien gâcher, Zoe raconte de belles histoires, captivantes tant par les univers poétiques installés que par le propos lui-même – et son expérience de concerts dans les prisons US en fait partie.
Un an après son passage à la Cave Poésie et un nouvel album en poche, la revoici à l’affiche de la soirée LES DAMES DU BLUES au Metronum en préfiguration du festival Rio Loco 2019 qui mettra à l’honneur les Musiciennes du Monde. Egalement à l’affiche Sarah McCoy (USA) avec son blues écorché, et notre quartet toulousain Agathe Da Rama, pépite folk blues adoubée par Dee Dee Bridgewater.
L’univers puissamment narratif de Walter Sextant au Taquin
Ca c’est du coup de cœur à ravir et pas que les Toulousains qui les ont vu naître. Jeune groupe emmené par Rémi Savignat, qui signe également les compositions, Walter Sextant a enchaîné les concerts en France où son bel esprit de band a beaucoup séduit. Sur la trame d’un power trio guitare-basse-batterie qui signe un héritage rock ’70 sublimé par sa fidèle Stratocaster, Rémi Savignat est allé métisser les couleurs et les textures d’une section cuivre à haut potentiel d’animation, aussi inventive qu’un feu follet pour tantôt fasciner, tantôt mettre le bazar, et bien sûr signer les évocations cinématographiques irrésistibles déroulées par exemple dans le morceau-titre Sarajevo. S’y ajoutent quelques nappes et effets-machines infusés du hip-hop parce que – bon sang – ces petits gars sont de leur époque !
Sur les propositions de Rémi, les musiciens ont harmonisé une créativité toute personnelle, fusionnée dans un bel esprit de band. C’est le même plaisir, exploratoire et décomplexé, qui ravit à l’écoute. C’est la part qui échappe au compositeur, qui échappe à l’auditeur écoutant, et – comme d’un rêve – dont on a tellement à apprendre.
Walter Sextant + Host, en concert au Taquin, infos ici