Enchantements des mélopées et velouté de la kora. Cordes célestes et rythmique modale. Nous sommes dans un petit jardin ouvert sur le ciel étoilé, où le nomade rencontre le sédentaire, où les histoires racontent le paradis perdu. Ablaye Cissoko et l’Ensemble Constantinople de Kiya Tabassian présentent Les Jardins Migrateurs une rencontre inédite et poétique entre musique mandingue et musique de cours persane.
Un spectacle programmé ce mardi à la Salle Nougaro de Toulouse
Ablaye Cissoko c’est une belle trace et des projets comme il respire, tant son accordage instinctif fait merveille à dénicher les matrices où connecter sa kora avec la rythmique et les sonorités des musiques d’autres jardins du monde. * Il possède aussi les clefs du jazz et fertilise avec bonheur des projets plus aventureux comme celui présenté à Toulouse récemment en quartet avec Sophia Domancich, Jean-Philippe Viret et Simon Goubert (album « Au Loin »).
Constantinople, c’est l’histoire d’un ensemble musical qui a choisi de faire du voyage son fondement – voyage géographique, historique, culturel, intérieur, de s’abreuver à toutes les sources, de viser les horizons lointains. Empruntant son nom à l’ancienne cité phare éclairant l’Orient et l’Occident, l’ensemble créé en 1998 à Montréal a été imaginé comme un espace de rencontres et de métissages.
Une tendance de la musique actuelle – en France en tout cas – semble vouloir définir et appliquer le concept de fusion de manière formelle, esthétisante. A l’opposé de cette convention plutôt creuse, le projet Ablaye Cissoko et Constantinople est de ceux qui se fondent sur l’émotion et tentent de retrouver avec simplicité l’inspiration des grandes traditions sacrées. Chansons, ballades, mélodies épurées et intimes installent une douceur de jardin, partagée des palais de Perse aux rives du fleuve Sénégal, jusqu’à s’engager dans la traversée conjointe des lieux communs de l’imagination, au rythme de la respiration du monde.
Ablaye Cissoko et l’Ensemble Constantinople dirigé par Kiya Tabassian collaborent depuis 2014. Leur album Jardins Migrateurs est sorti en novembre 2015.
Ablaye Cissoko est de retour à Toulouse, cette ville où sa carrière a décollé comme il se plaît à le rappeler et où est basé son tourneur de toujours : François Bloque et Ma Case productions, acteur-clé de la diffusion de la musique africaine en France, entre-autres.
L’Ensemble Constantinople est lui basé à Montréal (Québec), et même si son ADN de migrateur lui fait courir le monde, son orbite de comète est plus longue. Voici une occasion rare et précieuse de les entendre-voir.
(*) Sessions de Keyvan Chemirani & The Rythm Alchemy
Ce concert est une des multiples pépites de la saison de la Salle Nougaro de Toulouse, dont la programmation musicale réserve encore de belles surprises d’ici le mois de juin. Des artistes qui font le buzz, des icônes qu’on est trop heureux de revoir à Toulouse, et des découvertes prometteuses, jugez plutôt :
- chanson avec Mesparrow le 13 mars,
- celle-ci tout le monde se l’arrache : Klo Pelgag s’il vous plaît ! le 20 mars,
- le prince Omar Sosa et Seckow Keita le 27 mars,
- Charlélie Couture (le retour !!) le 4 avril – mais c’est complet,
- le coup de cœur pour le jazz-tango du Quarteto Gardel avec l’attachant Lionel Suarez le 11 avril,
- le pianiste local devenu in-ter-na-tio-nal : Rémi Panossian le 3 mai,
- la Janis Joplin du désert de Mauritanie : Noura Mint Semali le 15 mai,
- et bluesy Big Daddy Wilson le 29 mai.
Franchement la Salle Nougaro, tu m’épates ! Ta saison 2018/2019 va être aussi top ?
Ablaye Cissoko : kora, chant
Kiya Tabassian : luth setar, chant
Patrick Graham : percussions
Pierre-Yves Martel : viole de gambe