Borg/McEnroe, un film de Janus Metz Pedersen
Des jambes, ils en ont, de la technique, n’en parlons même pas, du cœur à l’ouvrage, à revendre, mais le combat qu’ils vont mener va se gagner ailleurs, dans ce lieu caché au fin fond de leur intimité mentale, dans cette envie non pas de gagner, c’est vulgaire, mais d’être le meilleur.
Björn Borg (Sverrir Gudnason) et John McEnroe (Shia LaBeouf)
« Ils », ce sont pour l’heure deux athlètes exceptionnels qui sillonnèrent les courts de tennis du monde entier autour des années 80 du siècle passé : le Suédois Björn Borg (né en 1956) et l’Américain John McEnroe, de trois ans son cadet. Alors que le Nordique plane littéralement sur la discipline au niveau mondial, voici qu’un jeune enfant de l’Oncle Sam vient l’affronter et tenter de lui ravir une cinquième victoire d’affilée sur le gazon de Wimbledon. Nous sommes le 5 juillet 1980.
Qui ne se souvient de ces quatre heures titanesques, de ce tie-break historique au bout du quatrième set et des sept balles de match sauvées par le jeune Américain ? Des dizaines de millions de téléspectateurs ont suivi ce match de par le monde, frôlant l’infarctus toutes les secondes. Très habilement, ce réalisateur danois va nous faire revivre, en accéléré, cette rencontre d’une autre planète. Mais l’intérêt de son film est ailleurs. Il est dans la virtuose intrusion au cœur de la psyché de ces héros des temps nouveaux. Et plus particulièrement dans celle de Björn Borg. Car c’est lui le fil rouge de ce film, John McEnroe jouant les utilités. Si l’on peut dire. Même si les regards de Shia LaBeouf (McEnroe) sont d’une insondable détermination, ils ne peuvent lutter face à la ressemblance hallucinante de Sverrir Gudnason avec l’icône suédoise de la balle jaune.
C’est lui que nous suivons, depuis ses premiers échanges avec…la porte de son garage (notons que c’est Leo Borg qui tient le rôle du jeune Björn à l’écran), jusqu’à son challenge londonien. Nous le suivons dans son entraînement, ses doutes, ses manies, ses tics, ses peurs, son insatiable appétit de victoire, son extrême rigueur aussi.
Celui que les journalistes de l’époque avaient baptisé Ice Borg (tout un programme) est un homme bien sûr, mais avec des qualités exceptionnelles. Ce sont les qualités qui tissent l’étoffe des héros. Même si l’issue de ce match est connue de tous, ce film, qui évite adroitement tout pathos, lève un coin de voile sur ces personnalités hors du commun qui gagnent, ou qui perdent, des combats dont le terrain appartient à un autre univers. A voir, assurément !
Robert Pénavayre
Borg/McEnroe – Réalisateur : Janus Metz Pedersen – Avec : Sverrir Gudnason, Shia LaBeouf, Stellan Skarsgard…
Sverrir Gudnason – Dans la peau d’un tennisman de légende
A quelques mois de la quarantaine, ce comédien suédois d’origine islandaise a le profil idéal pour incarner…Jésus ! Plus sérieusement, c’est tout petit qu’il s’intéresse au théâtre, décrochant son premier rôle à dix ans ! Dès lors, il ne va cesser de hanter le milieu de la scène comme celui de la télévision et finalement celui du cinéma. Point encore très connu dans nos contrées, la chose risque sérieusement de ne pas durer après son interprétation du légendaire Björn Borg.