Le cycle Grands Interprètes vous convie à un concert consacré à Haydn et Mozart le vendredi 20 octobre à 20h. Deux symphonies de Haydn s’intercalent entre deux concertos pour violon de Mozart. La soliste est Isabelle Faust dont les interprétations sont un ravissement total. Elle est accompagnée par Il Giardino Armonico dirigé par Giovanni Antonini, chef et orchestre tant appréciés à la Halle.
JOSEPH HAYDN 1732-1809
Symphonie n° 47 en sol majeur, Hob. I : 47 Le palindrome »
Allegro – Un poco adagio, cantabile – Menuet e trio al roverso – Finale : presto assai
WOLFGANG AMADEUS MOZART 1756-179
Concerto pour violon et orchestre n° 1 en si bémol majeur, K. 207
Allegro moderato – Adagio – Presto
JOSEPH HAYDN 1732-1809
Symphonie n° 49 en fa mineur Hob. I : 49 « La Passione »
Adagio – Allegro di molto – Menuet – Finale : presto
WOLFGANG AMADEUS MOZART
Concerto pour violon et orchestre n° 5 en la majeur K. 219
Allegro aperto/Adagio/ T° primo – Adagio – Rondeau (Tempo di minuetto /Allegro/ T° primo)
De leur collaboration dans ces concertos pour violon, on a pu lire : « Il est rare d’assister à une telle écoute mutuelle, une entente aussi évidente entre un soliste et l’orchestre. On ne sait pas qui dirige l’autre, la musique semble jaillir de partout. »
Giovanni Antonini
Flûtiste et chef d’orchestre reconnu sur le plan international, Giovanni Antonini est célèbre pour son interprétation du répertoire baroque et classique. Né à Milan, il étudie à la Scuola Civica di Musica et au Centre de Musique Ancienne de Genève. En 2012, il est nommé Directeur Artistique du Wratislavia Cantans Festival en Pologne.
Giovanni Antonini est un des membres fondateurs de l’ensemble baroque Il Giardino Armonico qu’il dirige depuis 1989. Avec cet ensemble, il se produit en tant que chef d’orchestre, à la flûte à bec et à la flûte traversière baroque en Europe, aux Etats-Unis, un peu partout dans le monde. Il a joué avec beaucoup d’artistes prestigieux tels que Cecilia Bartoli, Kristian Bezuidenhout, Isabelle Faust, Christophe Coin, Katia et Marielle Labèque, Viktoria Mullova et Giuliano Carmignola.
Sa réussite en fait un chef d’orchestre très sollicité par des ensembles tels que le Berliner Philharmoniker, Concertgebouworkest, Tonhalle Orchestra, Mozarteum Orchester et le City of Birmingham Symphony Orchestra, le Kammerorchester de Bâle. Avec Il Giardino Armonico, il se produit dans toute l’Europe accompagnant notamment la soprano Julia Lezhneva.
Les productions d’opéra que Giovanni Antonini a pu diriger incluent Les Noces de Figaro de Mozart et, de Haendel, Acis et Alcina à la Scala, Galatea e Polifemo à Vienne et Salzburg et Giulio Cesare au Salzburg Festival avec Cecilia Bartoli. À l’Opernhaus Zürich, il a dirigé Alcina (2014, 2016), Le Nozze di Figaro (2016) et il y retourne pour Idomeneo, re di Creta (2018).
Giovanni Antonini enregistre de nombreux albums avec Il Giardino Armonico sous le label Teldec Classics, d’abord et chez Naïve aussi, tout comme chez Decca Classics, Harmonia Mundi et Alpha Classics (Outhere Music) avec la participation de solistes de renom. Depuis septembre 2013, il est le Directeur artistique du International Festival Wratislavia Cantans à Wroclaw (Pologne), où il a reçu le “Wroclaw Music Award” – catégorie de musique classique – pour ses créations artistiques impressionnantes présentées en 2014.
Giovanni Antonini est le Directeur artistique et musical du prestigieux projet « Haydn 2032 », dont le but est d’enregistrer toutes les Symphonies de Haydn, avec Il Giardino Armonico et le Kammerorchester Basel.
Isabelle Faust
« Le son qu’elle produit est passionné, nerveux, électrisant, mais il possède aussi une chaleur, une douceur désarmantes qui dévoilent les ressorts lyriques secrets de la musique… » New York Times.
Très jeune lauréate des prestigieux concours Léopold Mozart et Paganini, elle fut rapidement invitée par les plus grands orchestres du monde. Elle est « Artistic Partner » du Mahler Chamber Orchestra depuis 2016. Isabelle Faust captive ses auditeurs par des interprétations guidées par une connaissance approfondie des partitions et du contexte historique des œuvres qu’elle s’attache à respecter le plus fidèlement possible.
De l’artiste, on a pu dire et écrire : « Jouant sur un précieux stradivarius, Isabelle Faust n’est en rien une fétichiste de l’instrument. Elle n’a ainsi pas hésité à remettre en question sa technique après avoir entendu les baroqueux jouer sur instruments anciens. Très tôt, la musique a été pour elle un moyen de communiquer et partager, allant à contre-courant de l’individualisme égocentré de certains concertistes internationaux. Ne jouant pas les stars et n’ayant guère de goût pour le spectaculaire, son jeu est aussi lumineux que sa personnalité, et sa sonorité svelte et transparente lui ressemble.
Avec son violon, c’est une histoire d’adaptation permanente. Son stradivarius, «La Belle au bois dormant» de 1704, elle le connaît depuis 1996. Elle a dû l’apprivoiser au début, d’autant qu’il n’avait pas été joué depuis longtemps. «Il a encore ses humeurs, dit-elle drôlement, mais j’essaie d’être réceptive aux qualités que l’instrument m’offre et de les exploiter.» Isabelle Faust n’a de toute façon jamais été obsédée par l’idée d’avoir un son reconnaissable: l’œuvre dicte la sonorité, et non l’inverse, et il n’y a pas plus heureuse qu’elle lorsqu’on lui dit après un concert : «cette musique est magnifique» plutôt que «vous êtes formidable».
Isabelle Faust se consacre à un répertoire allant de J.-S. Bach jusqu’aux œuvres contemporaines de Ligeti, Lachenmann ou Widmann. Remarquable interprète des grands concertos symphoniques pour violon, Isabelle Faust présente par exemple les Fragments de Kafka de Kurtág avec la soprano Anna Prohaska et offre une interprétation sur instruments d’époque de l’Octuor de Schubert. Pour les prochaines saisons, de nouvelles œuvres des compositeurs Adamek, Stroppa, Strasnoy et Furrer sont en préparation.
Son parcours musical l’a conduite à rencontrer et travailler avec des chefs d’orchestre parmi les plus prestigieux, avec lesquels elle se produit ou enregistre régulièrement. Au cours de ces dernières années, elle avait développé une relation artistique toute particulière avec Claudio Abbado. Avec son partenaire de musique de chambre Alexander Melnikov, elle a réalisé plusieurs enregistrements pour Harmonia Mundi, dont celui des Sonates pour violon et piano de Brahms et celui des Trios avec piano de Schumann.
Au cours de la saison 2016/17 sont parus l’enregistrement des Cinq concertos pour violon et orchestre de Mozart avec Giovanni Antonini et Il Giardino Armonico, ainsi que les Sonates pour piano-forte et violon de Bach avec Kristian Bezuidenhout.
Il Giardino Armonico
Fondé à Milan en 1985 et dirigé depuis 1989 par Giovanni Antonini, Il Giardino Armonico est reconnu dans le monde pour ses interprétations sur instruments d’époque. Il rassemble des musiciens issus des plus importantes institutions musicales d’Europe. Le répertoire de l’ensemble est principalement axé sur les XVIIe et XVIIIe siècles. Selon les exigences de chaque programme, l’orchestre est constitué de 3 à 35 musiciens
Il Giardino Armonico est régulièrement invité par les grands festivals internationaux et se produit dans les plus belles salles de concerts. Il est largement reconnu pour ses concerts mais aussi pour ses mises en scène d’opéras comme Orfeo de Monteverdi; Aggripina, Il trionfo de Tempo del Disinganno et La Resurrezione de Haendel; Ottone in villa de Vivaldi et plus récemment, Giulio Cesare de Haendel donné lors du dernier Salzburg Whitsun and Summer Festival.
Après plusieurs années, lié par contrat d’exclusivité à TELDEC Classics, et après avoir remporté plusieurs récompenses majeures pour ses enregistrements des œuvres de Vivaldi et autres compositeurs du XVIIIe siècle, Il Giardino Armonico signe en 2008 un accord d’exclusivité avec Decca. Il enregistre sous ce label les Douze Concerti Grossi, opus 6 et la Cantate Il Pianto di Maria de Haendel avec la mezzo-soprano Bernarda Fink.
En 2009, une nouvelle collaboration avec Cecilia Bartoli les conduit au projet Sacrificium avec un enregistrement chez DECCA (récompensé par un disque de platine en France et en Belgique dès les 3 premiers mois) et une importante tournée européenne qui les amena justement à Toulouse avec un récital dont seule, Cecilia Bartoli a le secret. L’enregistrement sorti en décembre 2010 en collaboration avec Naïve, Ottone in villa (opéra d’Antonio Vivaldi) rencontre un franc succès et est Diapason d’Or en janvier 2011.
L’ensemble collabore régulièrement avec des solistes de renom. En parallèle des représentations de Giulio Cesare, Il Giardino Armonico interprète l’intégrale des Concertos Brandebourgeois de Bach au Mozarteum de Salzbourg. Il donne aussi divers concerts au Haydn Festival à Eisenstadt comme orchestre en résidence. Il effectue cette saison une tournée et un enregistrement avec la jeune soprano Julia Lezhneva, une tournée européenne avec les Concerti da Camera de Vivaldi et une représentation de l’oratorio de Haendel Il Trionfo del Tempo e del Disinganno.
Une fructueuse collaboration avec la violoniste Isabelle Faust mène à l’enregistrement des cinq concertos pour violon de Mozart (Harmonia Mundi, 2016). Il Giardino Armonico fait partie du projet « Haydn 2032 » pour lequel la Fondation Haydn a été créée à Bâle dont le but est de soutenir à la fois l’enregistrement de toutes les symphonies d’Haydn (Alpha Classic) et une série de concerts des villes européennes, avec des programmes axés sur ce répertoire fascinant.
Il Giardino Armonico a sorti La Morte della Ragione, un album axé sur la sensibilité à la musique baroque à travers l’Europe et sur le renouvellement de l’écoute de la musique ancienne. En 2018, l’Ensemble poursuivra la collaboration avec la jeune et talentueuse violoniste Patricia Kopatchinskaja avec un nouveau programme qui se veut un lien constructif entre passé et futur, entre justesse philologique et musique contemporaine.
Quelques mots sur les œuvres inscrites au programme.
« Lui seul a le secret de me faire sourire, de me toucher au plus profond de mon âme … » confidence de Mozart sur Haydn.
A propos des concertos pour violon de Mozart, leur datation précise est restée très longtemps confuse, parce que les dates avaient été inexplicablement modifiées sur les manuscrits. Il semble maintenant que le premier ait été écrit en 1773, et les quatre autres en 1775 par un compositeur qui n’a pas encore 20 ans et qui n’en écrira pas d’autres, à part la Symphonie concertante de 1779 qui comporte un long passage de violon solo. Leur style reflète l’atmosphère noble de l’opéra seria italien Il re pastore que Mozart composa la même année. L’adagio du concerto n°5 constitue le plus long mouvement lent des cinq concertos dans lequel le violon solo n’est pas en opposition à un groupe d’autres instruments, mais va au contraire émerger d’une toile de fond orchestrale dominée par d’autres cordes.
Les deux symphonies de Joseph Haydn au programme font partie d’une vingtaine remontant aux années 1766 à 1774. Elles se rattachent donc plus ou moins à la période Sturm und Drang de Haydn, celle où il adopta souvent un style passionné caractérisé par de fréquents recours au mode mineur, par des contrastes d’écriture parfois violents et, ceci allant de pair, par une volonté d’expression quasi-théâtrale. Certaines des symphonies qu’il composa à cette époque comptent parmi ses plus grandes et plus populaires. Cinq se détacheront tout particulièrement : la no 44 en mi mineur, Funèbre , la no 45 en fa♯ mineur Les adieux , la no 48 en ut majeur, Marie-Thérèse , la no 49 en fa mineur, la Passion et la no 56 en ut majeur.
La symphonie n°47, l’une des plus lumineuses de Haydn comporte quatre mouvements. Elle joue de contrastes et de jeux de timbres les plus extrêmes.
L’Allegro est porté par un rythme de marche confié aux cors. Ils organisent le dialogue entre les vents et les cordes. Les sonorités volontairement dissonantes, le thème martial, les changements brusques de tonalités inspireront Mozart qui copie la partition pour mieux en comprendre l’architecture. Elle marquera, notamment, son Concerto pour piano n°19.
Le mouvement lent, Poco adagio e cantabile, est bâti sur le principe de la variation qui fait intervenir les cordes seules, puis vents et cordes et, à nouveau, les cordes seules, etc. La complexité de l’architecture musicale se dissimule derrière le raffinement des ornementations et des nuances les délicates.
Plus complexe encore, le bref Menuet “al roverso” et son Trio “al roverso” représentent un véritable jeu musical. En effet, leur deuxième partie est tout simplement identique à la première partie, mais jouée à rebours ! Harmonies et rythmes tiennent parfaitement et dans les deux sens de leur lecture. A l’oreille, tout sonne avec un naturel et une simplicité confondante. Haydn reprendra ce même traitement musical dans l’une de ses sonates pour piano, la quarante-et-unième.
Le rythme du Finale, presto assai, est haletant. Puis, jaillit une véritable explosion sonore. Une fois encore, le compositeur réussit à surprendre l’auditoire. Aucun développement ne peut être deviné à l’avance. On va ainsi de surprise en surprise, Haydn ne ménageant pas les effets jusqu’à des dissonances pour le moins audacieuses !
En fa mineur, la symphonie no 49, « La Passion », au caractère sombre et pathétique, est de celles qui sont le plus fortement marquées de l’esprit du Sturm und Drang. L’Adagio initial est mystérieux et agité de sursauts. Suit un Allegro di molto ténébreux, parsemé de brusques ruptures de ton. Le Menuet est désespéré, et seul le trio, en fa majeur, introduit brièvement dans la symphonie un rayon de lumière — d’autant que hautbois et cors y jouent un rôle prépondérant. Dans le finale Presto, fondé sur un bref motif rythmico-mélodique, la tension ne se relâche en rien.
Michel Grialou
Les Grands Interprètes
Il Giardino Armonico
Giovanni Antonini (direction)
Isabelle Faust (violon)
Halle aux Grains
vendredi 20 octobre 2017 à 20h00
Mécénat / Partenariats
Nathalie Coffignal
ncoffignal@grandsinterpretes.com
Tel : 05 61 21 09 61
Giovanni Antonini © Kemal Mehmet Girgin
Isabelle Faust © Felix Bröde
Il Giardino Armonico © Łukasz Rajchert