17ème édition de Jazz à Foix
Déjà 16 ans que la fine fleur de la scène jazz nationale et internationale débarque à la fin du mois de juillet dans la cité fuxéenne grâce à l’association Art’Riège. Cinq jours consacrés à LA grande musique populaire universelle, ce jazz né dans le delta du Mississipi il y a un siècle et parti à la conquête du monde… jusqu’aux rives de l’Ariège où Jazz à Foix prend ses quartiers d’été du 25 au 29 juillet. Sous la protection bienveillante et millénaire du château de Gaston Phébus, musiciens professionnels et amateurs, public de connaisseurs ou simples curieux se retrouvent le temps d’un festival, véritable « cabaret-jazz à ciel ouvert » qui a su conserver l’esprit festif et convivial de ses débuts sans jamais sacrifier la qualité de sa programmation.
Des preuves ? En voici…
Un IN de haute tenue (tous les soirs à 21h30, dans la cour de l’École Lucien Goron, accès par la rue Laquière)
Rhoda Scott et Houston Person en ouverture
Honneur aux dames pour ouvrir le IN de cette 17ème édition avec le retour à Foix de la chanteuse et organiste Rhoda Scott, grande prêtresse de l’orgue Hammond. Très liée à la France où elle réside régulièrement et où elle fut la jeune élève de Nadia Boulanger, Rhoda Scott a joué avec les plus grands, de Count Basie à Ella Fitzgerald en passant par Ray Charles et George Benson. Le mardi 25 juillet, elle est l’invitée du saxophoniste Houston Person, vieux routier et autre valeur sûre de la scène actuelle (il commença avec Johnny « Hammond » Smith). Les sonorités chaudes de son sax ténor, alliées au rythme de la batterie de Marc Miralta, enroberont le Hammond et la voix de celle qu’on surnomme « la femme aux pieds nus ».
Du jazz manouche au menu
Parmi les multiples branches du jazz, sa version manouche tient une place toute particulière depuis qu’un certain Django Reinhardt l’a hissée sur les sommets d’un genre qui plaît à tous les publics et à toutes les générations. L’accordéoniste Marcel Loeffler, un de ses meilleurs représentants, partenaire occasionnel de Biréli Lagrène, est avec son quartet (accordéon, contrebasse, deux guitares) à l’affiche de la deuxième soirée du festival le mercredi 26 juillet. Musicien à la palette très large, allant du bebop à la chanson française en passant par le fusion et le tango, sa venue dans la capitale ariégeoise est la promesse d’un concert à l’ambiance chaleureuse. Nul doute que les amateurs de jazz manouche auront pris bien soin de noter la date sur leurs agendas.
Manu Dibango, toujours vert
World jazz ou world music, chacun collera l’étiquette qu’il veut à Manu Dibango, autre tête d’affiche de ce cru 2017. Faut-il encore présenter le saxophoniste franco-camerounais, 45 ans après le succès mondial de son tube Soul Makossa ? Le fringant octogénaire est programmé le jeudi 27 juillet en compagnie d’une autre figure du jazz français, le vibraphoniste Dany Doriz. Propriétaire depuis 40 ans du célèbre Caveau de la Huchette, ce dernier a enregistré avec Lionel Hampton et de nombreux jazzmen français, dont Manu Dibango lui-même pour l’album Hommage à la Nouvelle-Orléans. On devrait retrouver sur scène des morceaux de cet enregistrement, réjouissant retour aux origines du jazz, de Sidney Bechet à Lionel Hampton, et servi par la complicité qui unit les deux musiciens.
Vous prendrez bien un peu de Latin jazz ?
Après le jazz manouche et pour illustrer la diversité de la programmation de Jazz à Foix, la soirée du vendredi 28 juillet est dédiée à un autre courant du jazz, peut-être moins identifié comme tel par le grand public. S’il serait très réducteur de classer Robin Reyes dans le seul Latin jazz, on peut toutefois rattacher (entre autres) l’ancien membre du Buena Vista Social Club à cette catégorie. Installé à Barcelone depuis 25 ans avec son orchestre, le musicien et compositeur cubain est invité aussi bien dans des festivals de jazz que de musiques latines. Le Robin Reyes Latin soul est attendu avec curiosité pour un des concerts les plus originaux et les plus dépaysants du festival 2017.
Un duo de choc pour finir
Autre retour à saluer à l’occasion de cette 17ème édition, celui du trompettiste Stéphane Belmondo, déjà programmé à Foix lors de festivals précédents. Musicien à la discographie prolifique, multi-récompensé aux Victoires du Jazz, il a fait paraître récemment un nouvel album intitulé Mother où il est accompagné du pianiste Jacky Terrasson, complice de 30 ans et artiste de la même génération. Le duo est reconstitué pour le concert de clôture du IN le samedi 29 juillet. Les 14 morceaux de Mother sont évidemment au cœur de cette soirée, suite de ballades intimistes et mélancoliques à la musicalité quasi impressionniste. Une fin de festival en douceur, de laquelle repartiront sans doute emplis de nostalgie les heureux spectateurs présents en se disant « Vivement l’année prochaine ! ».
Et si on appuyait sur le bouton OFF…
… et certainement pas pour arrêter la musique puisque le jazz n’est jamais sur courant alternatif à Foix durant tout le festival. Autour des soirées du IN, avant et après les concerts de 21h30, le coeur de la cité bat encore au rythme du swing, dans son centre et sur la scène du village Jazz.
Avec un scénario immuable : la fête commence tous les jours à 18h et se prolonge après le concert du IN à partir de 23h30 jusque tard dans la nuit.
Menu à la carte (profitez-en, c’est gratuit)
Le mardi 25 juillet, sous la Grande Halle aux Grains, rendez-vous à 18h avec le Poupon Swing. Également à 18h puis à 23h30, le duo Obradovic-Tixier (batterie/piano acoustique et électronique) est sur la scène du village Jazz pour y faire découvrir ses compositions et sonorités très personnelles.
Direction la Halle Saint Volusien le mercredi 26 juillet à 18h pour y écouter le Rollive and Swing, trio dans la tradition des petits orchestres de « hot jazz » des années 1930. Les mêmes sont programmés à 23h30 sur la scène du village Jazz où les aura précédés à 18h l’Orchestre de Jazz de l’École de Musique de Foix.
Retour à la Grande Halle aux Grains le jeudi 27 juillet à 18h avec le Yukon Dixieland Orchestra pour du jazz Nouvelle Orléans made in Ariège. Le même jour, la scène du village Jazz accueille à 18h et 23h30 le Trio Bergin’ (chant, piano, batterie) et ses mélodies jazz et latino sur les airs chantés jadis ou naguère par Ella Fitzgerald, Diana Krall, Charles Trenet et Claude Nougaro.
Le vendredi 28 juillet, c’est le répertoire tout terrain du Thierry Ollé & The Deep Sounds (piano, batterie, sax ténor) qui résonnera sous la Grande Halle aux Grains à 18h. Si vous le ratez, une seconde chance est prévue pour vous rattraper au village Jazz à 23h30, quelques heures après que les amateurs de gospel auront tapé dans les mains au même endroit à 18h avec la Nuts Gospel Company.
A l’occasion de la clôture du OFF et du festival le samedi 29 juillet, à 18h sous la Halle Saint Volusien, concert « The crazy Beatles tribute » du duo piano/batterie Back to Back pour une étonnante redécouverte des chansons des Beatles. Vous pourrez profiter une dernière fois de l’ambiance du village Jazz avec la chanteuse toulousaine Esther Nourri et son quartet. Ils y seront sur scène à 18h et 23h30 et interpréteront un programme de standards du jazz et de la chanson qui devrait faire le bonheur de toutes les tranches d’âge du public.
Pour que la liste et la fête soient complètes, il faut ajouter que chaque jour à 18h Les Bawling Cats (banjo, sax soprano, hélicon, trombone) arpenteront les rues de la ville à l’heure de l’apéritif en reprenant à leur manière des standards de Sidney Bechet, Jerry Roll Morton, Haydn Wood, Mack Gordon et beaucoup d’autres. Les « Chats brailleurs » feront aussi jazzer l’atmosphère du marché de Foix le vendredi 28 juillet et donneront un concert-apéro à Saint-Pierre-de-Rivière le samedi 29 juillet.
Le village Jazz… pour le régal des yeux, des oreilles et des papilles
En Ariège, tout le monde le sait, on aime les bonnes et les belles choses. Situé devant l’accès à la cour de l’École Lucien Goron, le village Jazz accueille bien sûr des concerts et des Jam sessions mais offre aussi une vitrine à l’artisanat local et les (excellents) services d’une buvette et d’un restaurant associatifs avec terrasse au bord de la scène du OFF.
L’endroit idéal pour chiner, se ressourcer et se sustenter, immergé dans un bain de jazz.
Oui… la table est réputée et ça swingue chez Gaston Phébus !
Eric Duprix
Toutes les informations et le détail de la programmation sur : http://jazzfoix.com/