Le prochain concert de l’Orchestre national du Capitole, placé sous la baguette de son directeur Tugan Sokhiev, établit un dialogue entre hier et aujourd’hui. Associant le grand répertoire, Beethoven et Brahms, à la production contemporaine, le programme témoigne d’une ouverture salutaire. La création française de Ur-Geraüsch (Rumeur des âges) du compositeur, philosophe et musicologue français Hugues Dufourt (né en 1943) accompagne donc la reprise de deux grands chefs-d’œuvre de la période romantique, le Triple concerto pour violon, violoncelle et piano, de Beethoven et la 4ème symphonie de Brahms.
Hugues Dufourt est né en 1943 à Lyon. Sa formation musicale se déroule au Conservatoire de Genève, avec des études piano auprès de Louis Hiltbrand et de composition ainsi que d’électro-acoustique auprès de Jacques Guyonnet. Agrégé de philosophie en 1967, il enseigne à l’Université de Lyon. En 1973, Hugues Dufourt intègre le CNRS en tant que musicologue chercheur. Trois ans plus tard, il devient l’un des responsables de l’ensemble L’Itinéraire et fonde le Collectif de Recherche Instrumentale et de Synthèse Sonore (CRISS) avec Alain Bancquart et Tristan Murail. La même année, il fait partie de la commission qui est à l’origine de la création du Centre de Documentation de la Musique Contemporaine (CDMC), et de Musique Française d’Aujourd’hui (MFA).
En tant que compositeur, Hughes Dufourt fait partie du mouvement spectral de Tristan Murail et Gérard Grisey, même s’il donne de la musique spectrale une définition plus large. En 1985, Surgir, créée par l’Orchestre de Paris, provoque d’ailleurs un certain scandale. Il reçoit de nombreuses commandes émanant d’institutions ou de formations musicales. Créé le 23 septembre 2016 à Bonn avec le WDR Sinfonieorchester dirigé par Marek Janowski, Ur-Geräusch (Rumeur des âges) sera donc donné en création française à Toulouse lors de ce concert du 17 novembre prochain.
Le Triple concerto pour violon, violoncelle et piano de Beethoven suivra cette création. Trois solistes familiers de la musique de chambre s’attacheront à relever le triple défi que pose cette œuvre hors du commun. Équilibrer le dialogue et la virtuosité, faire entendre sa voix tout en laissant la place à chacun, telles sont les gageures de ce Triple Concerto. Trois compagnons de route, Guy Braunstein, violon, István Várdai, violoncelle, et Sunwook Kim, piano seront les solistes de cette partition unique dans l’Histoire de la musique.
De gauche à droite : le violoniste Guy Bronstein, le violoncelliste István Várdai et le pianiste Sunwook Kim, solistes du Triple concerto de Beethoven.
Né en Israël, le violoniste Guy Braunstein a démarré très tôt une carrière de soliste international et de chambriste. Il a joué depuis aux côtés des plus grands orchestres du moment. De plus en plus sollicité comme chef d’orchestre, Guy Braunstein dirigera en 2017/2018 l’Orquesta Sinfonica de Galicia, les orchestres symphoniques de Trondheim, Hambourg et de Finlande. Il se produira également en récital dans toute l’Europe.
Âgé de 29 ans, le violoncelliste hongrois István Várdai est lauréat de nombreux prix internationaux. Depuis ses débuts à La Hay en 1997, il s’est produit à New York, Londres, Paris, Prague, Vienne, Francfort, Munich, Berlin, Genève, Dublin, Moscou, Saint-Pétersbourg, Florence, Tokyo et Pékin avec beaucoup de succès.
En 2010, il a fait ses débuts au Carnegie Hall et au Konzerthaus de Vienne et s’est produit aux côtés de Gidon Kremer, András Schiff et Yuri Bashmet à l’Académie de Kronberg, dans le cadre de la série « Chamber Music Connects the World ».
Vainqueur du prestigieux Concours International de Leeds en 2006, à 18 ans (devenant le plus jeune lauréat depuis 40 ans), le pianiste Sunwook Kim a rapidement reçu une reconnaissance internationale. Depuis, il joue aux côtés du London Symphony Orchestra, de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, des grands orchestres internationaux. En 2014/2015, il achève une résidence remarquée à l’Orchestre symphonique de Bournemouth, tout en entretenant par ailleurs une relation privilégiée avec le Hallé Orchestra et Sir Mark Elder depuis le Concours de Leeds.
Le concert du 17 novembre s’achèvera sur l’exécution de la 4ème et dernière symphonie de Johannes Brahms, créée avec succès le 25 octobre 1885 à Meiningen par la Meininger Hofkapelle sous la direction du compositeur.
Serge Chauzy
Une chronique de ClassicToulouse
Orchestre national du Capitole
Tugan Sokhiev, direction
Guy Braunstein, violon
István Várdai, violoncelle
Sunwook Kim, piano
Jeudi 17 novembre 2016