Dans le cadre du 8ème festival de photo MAP Toulouse, l’Espace EDF Bazacle reçoit cet été l’exposition du photographe français, membre du collectif Tendance Floue, Olivier Culmann. Jusqu’au 28 août, l’exposition propose un véritable parcours photographique qui appelle le visiteur à s’interroger sur l’image. L’exhibition composée de cinq séries, présente parallèlement à un travail sur l’attitude des sujets et leur regard, un questionnement sur la représentation de soi.
La photographie de Culmann : comme un miroir de nos sociétés
L’artiste par ses clichés, souhaite avant tout interpeller le spectateur. Ainsi, dans la première partie de l’exposition, Culmann se place face à ses sujets pour en capturer le regard, dans deux séries. La première « Autour – NEW YORK, 2001-2002 » évoque les quelques mois et années qui ont fait suite aux attentats du World Trade Center en 2001. Abasourdi par les évènements, le photographe rejoint New-York pour trouver les réponses à ses questions. Sur place, il décide de tourner le dos à la catastrophe pour n’en capter que le reflet : il se plonge alors dans le regard des passants pour en saisir les expressions et telles qu’elles, en faire part au spectateur.
La deuxième série « Watching TV » concerne cette fois-ci le téléspectateur. Toujours dans cette logique, Olivier Culmann s’intéresse au regard des individus devant leur télévision : parfois hypnotisé, quelque peu assommé ou simplement étourdi. L’artiste qui ne se dit pourtant pas journaliste a fait le tour du monde pour composer cette série : Inde, Maroc, Royaume-Uni, Etats-Unis, Mexique ou bien encore Nigeria. Il obtient d’ailleurs pour l’occasion le troisième prix World Press Photo dans la Catégorie Sujets Contemporains en 2008.
L’objectif dirigé vers soi pour évoquer les autres
Dans la deuxième partie de l’exposition, le photographe tourne alors l’appareil vers lui, non pas pour parler de sa vie justement, mais pour évoquer notre société. Dans « The Others », il profite d’un séjour en Inde pour dresser une série d’autoportraits, mis en scène et inspirés de personnages locaux, bien identifiés par leurs vêtements, accessoires et attitudes. Il joue alors avec les codes de l’imagerie populaire indienne et de son évolution grâce au digital, pour aborder les limites de la photographie et de la représentation de soi : peu importe la réalité pourvu que les photos permettent de se construire une identité idéale… Olivier Culmann questionne donc bien le spectateur : dans une société aussi cloisonnée et compartimentée que l’Inde, les gens n’en arrivent-ils pas à jouer leur propre rôle ?
Enfin, l’exhibition à l’Espace EDF Bazacle est aussi l’occasion de présenter le tout dernier projet de Culmann : « Seoulfie » réalisé en Corée du Sud en 2014. Le photographe propose une visite de Séoul un peu spéciale : utiliser sa propre image, au moyen d’une perche à selfie et d’un Smartphone pour interroger une fois de plus, sur des nouveaux comportements. Plus besoin de photographe, le selfie, sorte de révolution de l’image de soi, contribue à marquer sa présence dans une situation et là encore Olivier Culmann nous invite à la réflexion.
L’artiste dit lui même : « D’une façon générale, je m’intéresse davantage à provoquer un questionnement plutôt qu’à montrer ou pire démontrer quelque chose ».
Marjorie Lafon
Festival de photo MAP Toulouse