Lundi 11 avril. Voilà un jour à marquer d’une pierre blanche pour tous les trentenaires en fin de course et les pré-quarantenaires en phase de faire une nouvelle crise d’ado : Dog Eat Dog revient dans l’enceinte de la ville rose et ce, plus de vingt ans après son dernier passage au Bikini à l’invitation des costauds de SPM ! Autant dire que les 90’s sont mis à l’honneur ce soir au Connexion et qu’on ne compte plus les t-shirts à l’effigie des terribles « All Boro Kings » et « Play Games », deux albums incontournables de la carrière de Dog Eat Dog… et deux monuments qui ont marqué les années 90’s !
Chien mange chien !
Nom de Zeus, Marty ! Revenons donc un petit peu en arrière pour expliquer à nos têtes blondes ce qu’était Dog Eat Dog à l’époque…
Créé dans le New Jersey en 1990 et distillant un mélange de hardcore, de punk et de hip-hop, Dog Eat Dog a vite été repéré par le label Roadrunner Records suite à un premier EP intitulé « Warrant » en 1993 puis a explosé dans le monde entier avec les costauds « All Boro Kings » (1994), « Play Games » (1996) avant de se faire salement lâcher par Roadrunner et de trébucher dans un long combat judiciaire avec la Major…
La suite des aventures est plus difficile à gérer pour le groupe qui peinera à sortir « Amped » (1999) et « Walk With Me » en 2006 (les disques ne seront distribués qu’en Europe), malgré une solide fanbase et des critiques très positives. Après une longue traversée du désert, il faudra attendre 2010 pour que Dog Eat Dog sorte le bout de sa truffe et mette sur pied une tournée pour fêter ses vingt ans d’existence. Contre toute attente, la tournée a rencontré un sacré succès (on a même eu droit à un passage au Hellfest en 2012), qui a permis aux Américains de relancer doucement mais sûrement la machine.
En 2016, Dog Eat Dog est toujours d’attaque et profite de fêter les vingt ans de « Play Games » pour se payer une grosse tournée… histoire de tâter le terrain auprès du public avant de sortir un nouvel album ! Et oui, c’est le bassiste Dave Neabore qui nous l’a confié dans une interview à venir…
Bon revenons à nos moutons… C’est devant un public relativement restreint (environ cent-trente personnes) que les Allemands de Reno Vega assume la lourde tâche de lancer les hostilités. Malgré un bon gros rock baveux des familles et une envie de bien faire, le groupe a du mal à faire décoller une assemblée toulousaine passablement endormie qui applaudit poliment le trio.
C’est bien dommage car mine de rien Reno Vega balance quelques plans bien foutus et le chanteur / gratteux Leif Korbel a, quant à lui, une voix bien rocailleuse qu’il maîtrise à merveille. Les allemands proposent un rock musclé et bien branlé mais malheureusement le Connexion se montrera très frileux… quand ça veut pas, ça veut pas…
I’m Fifteen again…
Il faudra attendre un rapide changement de plateau avant que les héros de la soirée entrent en scène. A l’inverse de son apathie devant Reno Vega, la petite centaine de personnes se presse en masse sur le devant de la petite scène du Connexion et en seulement quelques secondes, la température va monter de plusieurs centaines de degré avec le flow de l’ami John Connor en guise d’ouverture de « Play Games ».
Biiiiiiiim ! « Play Games »… Tiens, prends ça dans ta gueule ! Dog Eat Dognous (r)envoie d’entrée de jeu au cœur des 90’s avec son hardcore / punk / hip-hop ultra bien foutu et qui n’a pas pris une ride. Malgré un manque flagrant d’affluence (on est lundi et il n’y a pas de première partie locale), le groupe est visiblement heureux d’être en tournée et va nous le faire savoir en nous balançant à travers la gueule les brûlots que sont « Rocky », « Isms » ou « Who’s The King? ».
Piochant allègrement dans tous leurs disques (même « Walk With Me » et « Amped » seront mis à l’honneur avec « Cannonball » et « Expect The Unexpected »), les Américains ne s’enfonceront pas dans la nostalgie de bas étage mais nous proposeront un set certes à l’ancienne (old school or die !) mais avec une réelle envie d’en découdre et d’aller de l’avant (notamment sur l’excellent « Rocky » qui a mis tout le monde à genoux). Et ça, ça fait bien plaisir à voir et à entendre…
D’ailleurs, le groupe proposera deux nouveaux morceaux (« www » et « Lumpy ») qui figureront dans le-futur-album-qui-doit-sortir-très-bientôt. Ces deux titres ont bien passé l’épreuve du feu et annoncent d’ores et déjà un renouveau pour Dog Eat Dog puisqu’on a pu y entendre sur l’un d’eux une teinte reggae / punk plutôt bienvenue (amis des Burning Heads si vous m’entendez…). Bref, que du bon !
Sur scène, on sent que les mecs prennent vraiment du plaisir dans ce qu’ils font et affichent une constante banane et ce, dans une osmose parfaite avec un public chauffé à blanc.
Le batteur Brandon Finley qui fête ce soir son anniversaire (cinquante piges, le gars…) aura droit à un « happy birthday » de la part du public avant que le cogneur de fûts ne prenne le chant sur « Step Right In » (issu de « Play Games », un morceau que Dog Eat Dog avait co-réalisé avec un jeu groupe quasi inconnu d’alors : le Wu Tang Clan. Frissons garantis…
A l’entame de la dernière partie du set, les Américains vont taper dans les gros hits en enchaînant « If These Are Good Times » et « No Fronts » (avec Dan, le tour manager, venu chanter avec le groupe) afin de finir de mettre le feu au Connexion… Dave Neabore invitera même l’ami Injall à aller pousser la chansonnette sur « No Fronts » tandis que John Connors et Dan feront bouger un parterre déjà en transe. Comme quoi, on peut être qu’une petite centaine et faire un bordel de tous les diables ! Oui, c’est une expression de 1922…
Afin de prolonger une si bonne ambiance, Dog Eat Dog nous gratifiera de plusieurs autres titres en bonus comme « Pull My Finger » histoire de boucler la boucle et de montrer que malgré ses vingt-cinq ans de carrière, le combo a encore de quoi revenir sur le devant de la scène !
En définitive, malgré un public plutôt restreint pour un groupe de cette envergure, les gars de Dog Eat Dog ont joué le jeu à fond et nous ont sorti un concert à la force du poignet, bien nerveux comme il faut. A l’ancienne, quoi. Comme nous le disait Dave quelques heures auparavant en interview : « qu’il y ait vingt, deux-cent ou vingt-mille personnes, on se donnera toujours à fond »… et autant dire le bougre n’a pas menti sur ce coup-là !
Après ce final tonitruant, tous les membres de Dog Eat Dog iront rejoindre l’audience pour serrer les mains, discuter, signer des autographes, prendre des photos etc. dans une bonne humeur non feinte. Ça c’est la sincérité, la vraie ! RESPECT !
Vincent B.
www.metalsickness.com
Setlist Dog Eat Dog
- Intro
- Play Games
- Cannonball
- Isms
- Who’s The King ?
- www
- Lumpy
- Rocky
- Step right In
- What Comes Around
- Expect The Unexpected
- If These Are Good Times
- No Fronts
- Pull My Finger
- Bulletproof
- Outro