Au plus près d’une communauté d’exclus vivant aux confins de la Louisiane, Roberto Minervini signe un documentaire en forme de fiction, au cœur d’une Amérique invisible.
Le dernier film de l’Italien Roberto Minervini a été repéré dans la sélection Un Certain Regard de la dernière édition du Festival de Cannes. Documentaire filmé comme une fiction, « the Other side » suit les amours torrides de Mark et Lisa, couple de jeunes quinquas installé dans une caravane posée dans un coin de verdure, aux abords de la ville de West Monroe, aux confins de la Louisiane. Ils évoluent au cœur d’une communauté de junkies et d’alcooliques inactifs ou vivant de petits boulots pénibles. Lui sort de prison et fabrique de la dope qu’il revend aussitôt, notamment à sa sœur – laquelle se révèle incapable de payer ses factures d’électricité.
Après une trilogie texane, ce n’est pas l’Amérique profonde que filme ici Minervini, mais une «autre» Amérique invisible, coincée entre les blancs privilégiés et les noirs pauvres. Les gens de West Monroe sont des exclus qui voudrait s’en sortir. Très remontés contre l’inaction d’Obama, ils espèrent l’arrivée d’Hillary Clinton à la Maison Blanche. Les gros plans se multiplient sur les visages burinés par la fatigue. Le cinéaste capte les instants de vie, les dialogues intimes ou les scènes de groupe, ou encore les échappées sauvages dans le bayou. Au cœur de la nuit, le corps nu de Mark est luisant de sueur et les clairs de lune sont crépusculaires…
Dans une fin obscure, le film bifurque en queue de poisson vers un groupe d’illuminés surarmés, très énervés contre Obama et prêt à en découdre en cas de révolution…
Jérôme Gac
« The Other side », en salles depuis le 25 novembre.