Bill Plympton est vraiment un drôle d’oiseau.
Un trublion totalement atypique dans le milieu de l’animation. Depuis ses débuts, il produit ses longs – métrages sans appartenir à aucun studio et en exécute lui – même l’intégralité des étapes de fabrication (le dessin, l’animation, la production, cet homme est multipass). Grâce à un coup de crayon reconnaissable entre mille, il a gagné peu à peu une renommée internationale, bien au – delà du cercle fermé de son domaine d’activité.
Il faut dire que ses films ne s’adressent pas vraiment à un public de bambins, tant ils sont dépourvus de princesse charmante, accompagnée d’une quelconque bestiole parlante. Bill Plympton s’inspire de son quotidien, croque ce qu’il voit dans la rue ou dans une rame de métro, s’inspire de son vécu pour en extraire des histoires farfelues, dénuées de dialogues, où éructations et corps aux dimensions improbables ont la part belle.
Les amants électriques ne déroge pas à la règle.
Jake et Ella se rencontrent un jour de fête foraine, en se percutant sur la piste des autos – tampon. Immédiatement, c’est le coup de foudre. Ils vont vivre une histoire passionnée où infidélité et jalousie sont au rendez – vous.
Et voilà, c’est l’histoire toute simple que Bill Plympton vient nous raconter ici. Cette simplicité, totalement revendiquée par son auteur (car pour lui, le scénario est finalement quelque chose d’assez secondaire), lui est souvent reproché par ses détracteurs.
N’en déduisez toutefois pas que le propos du long – métrage soit creux.
Si Bill Plympton privilégie un déroulé simple (qui ne veut pas dire simpliste, j’insiste sur ce point), le réalisateur se lâche dans ce qui fait l’attrait de ses productions : le dessin.
Celui – ci est profusion, délire, métaphorique, onirique, d’une inventivité et d’une créativité rarement rencontrées ailleurs. Le dessin passe sans effort de crayonnés appuyés dans lesquels prennent vie des personnages cartoonesques aux proportions délirantes, presque grotesques (n’oublions pas que le dessinateur a travaillé pendant de nombreuses années comme caricaturiste),
à des traits beaucoup plus doux, presque éthérés,
débouchant parfois sur de délicates saynètes que n’aurait pas renié un Sempé.
L’ensemble est d’une vivacité folle, prolifique, ode à l’absurde et à la dérision (l’univers de Bill Plympton étant plus proche de celui des Monty Python que de Walt Disney).
L’expérience s’avère particulière, le bonhomme virtuose.
En vous remerciant.
Pierrette Tchernio
En salle depuis le 23 avril
L’info en plus : Dans la vie, Bill Plympton est un copain de Gus Van Sant et Matt Groening.
Vous me direz que cela vous fait une bien belle jambe. Je vous répondrais alors que par amitié pour le créateur des Simpson, le dessinateur a réalisé plusieurs » couch gag » de la célèbre série (ce qui devient immédiatement plus intéressant).La vidéo ci – dessous illustre le dernier en date.