Les belles lumières d’automne
Déjà 25 fois que ce festival Jazz sur son 31 apporte au public du département des brassées ardentes de jazz, lui qui est de plus en plus dépourvu de cette rosée de notes bleues, à part quelques foyers de résistance irréductible comme le Mandala.
Cette manne d’automne ne nous console pas de l’absence criante d’un grand club de jazz à Toulouse, ce qui fidéliserait un public de plus en plus nostalgique, mais au moins on rêve très fort toute l’année à ce fameux mois d’octobre.
Ainsi la volonté politique et citoyenne d’un élu, aimant aussi bien Jim Jarmusch que Gonzalo Rubalcaba, Compay Segundo que Sonny Rollins, a permis à une institution territoriale, dont ce n’était pas a priori la mission de remplir un vide immense et de mettre cette musique, la plus belle invention du siècle précédent en termes de création et de liberté, à la portée de tous. Ainsi les concerts gratuits avec la belle idée du cycle « Une heure avec » et les concerts sous chapiteau du magique Magic Mirror à un tarif presque symbolique sont une véritable offrande. Et puis comment ne pas se souvenir de ces moments de communion et de fusion avec des génies comme Sonny Rollins, Miles Davis, Nina Simone (et la liste est longue) d’être enfin non plus des mirages lointains mais des musiciens devant nous dans notre département.
La ligne éditoriale n’a pas bougé et elle se symbolise par la nouvelle affiche montrant un saxophone irriguant de notes tout le département depuis les contreforts des Pyrénées jusqu’à la ville tentaculaire de Toulouse.
Donc du 7 Octobre 2011 jusqu’au 24 octobre (entaille faite au temps habituel pour permettre de revoir l’immense texan Roy Haynes et ses 86 printemps sacrés et consacrés à la batterie) cette vendange de grappes juteuses de jazz va se dérouler en de multiples lieux pour irriguer au plus près les habitants, mais avec comme cœur battant la cour du Conseil Général de la Haute-Garonne sous le chapiteau retrouvé du Magic Mirror, ses 600 places, ses miroirs, ses « alcôves » où il fait bon entre amis entendre de grands musiciens dans une véritable ambiance de club de jazz.
Quatre thématiques balisent ce festival d’automne
Une heure avec mais cette fois-ci ce créneau est confié à quatre groupes différents : Le déjanté Bernard Lubat, échappé d’Uzeste, l’étonnant André Minvielle, le pianiste Manuel Rocheman seul élève de Martial Solal, pas moins, et surtout Géraldine Laurent merveilleuse saxophoniste alto.
L’instrument mis en lumière alors qu’il est souvent en coulisses (oh !) est le trombone avec des maîtres comme Glen Ferris un vieil habitué, Wycliffe Gordon sideman de Wynton Marsalis, Gianluca Petrella découvert auprès d‘Enrico Rava . Jazz européen et jazz issu en droite ligne des clubs new-yorkais sont au rendez-vous : le subtil Enrico Pieranunzi, Zool Fleisher, le suisse électrique Éric Truffaz, les revenants de Magma, l’enivrant Renaud Garcia-Fons, et de l’autre côté de la deep see, de l’océan, Avischai Cohen, Charlie Haden, le mystique Charles Lloyd, le vétéran des Jazz Messengers Benny Golson, l’étoile montante du piano Joey Calderazzo, Avishaï Cohen qui se meut en show-man de plus en plus, et le flamboyant géant e deux mètres de haut et de mille mètres de talent Chucho Valdès.
S’il faut donner quelques coups de cœur citons Pieranunzi, Dhafer Youssef épaulé par Tigran Hamasyan, Charles Lloyd parmi d’autres.
Ce délicieux mélange entre grandes vedettes et nouveaux talents en pleine maturation se trouve magnifiquement symbolisé par le concert d’ouverture et le concert de clôture. Ainsi le toulousain Remi Panossian qui ira très loin ouvrira le festival et la légende toujours debout Roy Haynes le fermera en fanfare et tambours !
25 ans déjà pour Jazz sur son 31, pourvu que cela dure longtemps !
Et pour conclure citons ceci :
« Le jazz est la révolte de l’émotion contre la répression. » Joel A. Rogers.
Gil Pressnitzer