Au coeur de la Grèce, juchés sur des pitons rocheux, deux monastères se font face, comme suspendus entre ciel et terre.
L’un abrite des nonnes dont Urania fait partie. L’autre regroupe des moines et compte Theodoros dans ses rangs. Au cours de leurs sorties au – delà de leurs murs respectifs, ils se sont croisés. Depuis, leur vie de retraite et de méditation est troublée par l’attirance qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Ils vont devoir choisir de résister ou de céder à cette passion qui fait vaciller leurs plus profondes croyances.
Entendons – nous bien : avec Météora, il est préférable que les amateurs de Pacific Rim passent leur chemin (quoique, cela leur ferait peut – être du bien). Si je vous parlais il y a quelques semaines du dépouillé Michael Kohlhaas, on gravit ici un échelon supplémentaire.
Il faut dire que le réalisateur, Spiros Stathoulopoulos, n’hésite pas à employer des méthodes assez expérimentales : il a tourné son premier film, PVC – 1, en un seul long plan – séquence. Même s’il s’avère beaucoup moins extrême ici, le réalisateur s’appuie cependant sur une réalisation très épurée et contemplative.
Spiros Stathoulopoulos suit les égarements de ses deux protagonistes, leurs retrouvailles espérées mêlées d’un inextricable sentiment de culpabilité, les châtiments qu’ils s’infligent du fait de cette passion coupable en pratiquant une réalisation de peu de mots. Vraiment très peu de mots … De tout le film, Urania et Théodoros se parleront au cours d’une seule et unique scène, le reste des dialogues correspondant à leurs voix intérieures (énonçant le plus souvent des passages bibliques) ou de simples propos échangés avec des paysans locaux. Peu de musique accompagne le tout, quelques choeurs viennent disputer l’habillage sonore aux chants des vaillantes cigales latines.
Pour autant, n’allez pas croire que Météora s’avère une fiction soporifique ou un récit austère.
Le réalisateur filme cette romance particulière de façon très belle et lumineuse : paysages magnifiques écrasés par le soleil de la Méditerranée, rites des messes orthodoxes et chants liturgiques (et je suis pourtant une parfaite hérétique), visage de madone de Tamelia Koulevia – Karantinaki, air grave mais plein de bonté de Théo Alexander, jeu de miroirs qu’utilisent Urania et Théodoros pour communiquer chacun depuis son monastère.
Pour articuler son récit, le réalisateur use d’un seul procédé : des séquences d’animation (directement inspirées de la tradition des icônes) viennent ponctuer le récit, ajoutant un aspect de conte un peu irréel à cette jolie histoire.
Alors même si vous n’aviez pas décidé d’embrasser de sitôt une carrière dans les ordres ou que l’on vous qualifie sans l’ombre d’un doute de dernier des athées, prenez le risque de venir vous faire remuer la tripouille par les désordres amoureux de ces deux religieux.
En vous remerciant.