Course contre la mort
Dans le genre polar brut et dur, il est difficile de faire mieux que le dernier opus d’Eric Valette. Âmes sensibles s’abstenir. Cette précaution liminaire étant prise, force est de reconnaître que le film en question est particulièrement efficace. Le scénario démarre de façon assez conventionnelle dans une prison. C’est là que nous croisons Franck, braqueur de métier et accomplissant une peine largement méritée. Cela dit, il ne rêve que de sortir afin de récupérer le magot, mais aussi sa petite amie et la ravissante petite fille qu’ils ont ensemble. Il partage sa cellule avec Jean-Louis, jeune homme à lunettes, bien sous tous rapports, emprisonné à tort pour viol sur mineure. D’ailleurs il est rapidement relaxé. Mais il est bien connu que, dans les bons polars, il faut se méfier des personnages trop lisses. Avec Jean-Louis (Stéphane Debac, épatant d’ambiguïté), nous en avons un exemple flamboyant. En fait, ce trentenaire est un authentique tueur en série. Malin comme un singe et filou comme un renard, une fois dehors, il va continuer ses horribles méfaits, avec l’aide de sa femme Christine (Natacha Régnier), ajoutant à l’ignominie de ses gestes une épouvantable manipulation amenant directement la police sur les traces de…Franck. J’allais oublier, Franck a tout compris de la personnalité de son codétenu, un peu tard il est vrai. Aussi, il s’est évadé et court comme un fou après Jean-Louis, celui-ci s’étant emparé de sa gamine. Claire (Alice Taglioni, tout à fait crédible), commissaire de police, poursuit les deux sans savoir exactement lequel est le plus dangereux. J’abrège bien sûr, car l’histoire, bourrée de rebondissements, est inénarrable dans le détail. Albert Dupontel(Franck) est incroyable de présence animale. D’une formidable puissance de jeu (il réalise toutes les cascades !), il incarne jusqu’à l’hallucination cet homme à la recherche de son enfant avec une telle présence et une telle conviction qu’il passe subtilement du côté des personnages positifs. Les amateurs du genre ne peuvent ignorer cette sortie.
Robert Pénavayre