Météors, un film de Hubert Charuel et Claude Le Pape
Le réalisateur du multi-primé Petit paysan (2017), nous revient aux côtés de Claude Le Pape pour un second long qui ne fait qu’attiser notre envie de connaître la suite de sa production tant son Météors nous a séduit, enthousiasmé, ému, bouleversé et prouvé encore une fois sa maitrise de tous les fondamentaux du 7e art. Son immense talent en plus ! Bon, tout d’abord, il n’est pas question ici de science-fiction telle que le titre semble le suggérer. En fait, dans un premier projet une météorite s’abattait sur Saint-Dizier, cadre de ce film. L’idée n’a pas fait long feu. Exit la météorite.

Paul Kircher (Mika) et Idir Azougli (Daniel) – Crédit : Pyramide Distribution
L’histoire ici développée nous met dans les pas de deux inséparables amis : Daniel et Mika. Ils vivent comme ils peuvent dans cette Haute-Marne dévastée par la désinstrualisation et se trouvant promue au rang peu enviable de poubelle nucléaire. Nos deux compères sont en voiture, de nuit, et croisent un chat en liberté. En fait une bête de concours valant une fortune qu’ils s’empressent de faire monter à bord, sans s’apercevoir que le précieux animal est muni d’un GPS. Nos Pieds Nickelés de pacotille sont vite poursuivis et arrêtés. La juge est sans appel : si dans 6 mois ils ne présentent pas de bulletins de salaires et des analyses toxicologiques transparentes, ce sera direction la prison. Autant Mika prend alors conscience de l’urgence de la situation, autant Daniel se plonge dans le déni le plus complet alors qu’il se sait déjà atteint d’une cirrhose… Voire d’autres dégâts provoqués par une fumette forcenée. De toute manière, nos deux amis ont un but, aller à La Réunion monter un chenil. Pour le travail ils font appel à un troisième larron, Tony (Salif Cissé, toujours très juste de ton), chef de travaux dans une poubelle nucléaire. Alors que Mika continue son travail dans un Burger King, Daniel descend au tréfonds d’un puit…
Autant vous le dire, non seulement le film démontre une maîtrise absolue du cinéma : cadrage, montage, lumière, scénario, dialogue, direction d’acteur, autant vous ressortirez de la projection la gorge nouée par le jeu des deux acteurs principaux. Paul Kircher, que nous avons découvert dans Le Lycéen (Christophe Honoré – 2022), puis applaudi sans réserves aucunes dans Le Règne animal (Thomas Cailley – 2023), Leurs Enfants après eux (Ludovic et Zoran Boukherma – 2024) et La Venue de l’avenir (Cédric Klapisch – 2025) livre ici un portrait stupéfiant d’ampleur et d’émotion, de vérité et de sensibilité de Mika. Face à lui, nous retrouvons dans le rôle de Daniel, Idir Azougli, rencontré pour la première fois dans le Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin (2018), fabuleux dans Diamant brut (Agathe Riedinger – 2024) et ici tout simplement sublime de naturel, de spontanéité, de profondeur. Chez ces deux jeunes hommes, il y a des regards qui ne trompent pas, ce sont ceux de très grands comédiens.
Précipitez-vous voir cette histoire d’amitié lumineuse, sans frontières, vraie, sacrificielle, intense, fusionnelle, bouleversante.
Si ces deux-là ne sont pas aux Césars, l’Académie va devoir s’expliquer !!!