C’est à la Halle pour un concert doublé soit, le jeudi 23 octobre et le vendredi 24 à 20h. Marek Janowski dirige les musiciens de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse. Frank Peter Zimmermann interprète le Concerto pour violon de Beethoven, l’unique. Suivra la Symphonie n° 39 de Mozart.

Marek Janowski © Felix Broede
Quelques faits marquants concernant le chef et le soliste, les deux étant des figures emblématiquess du monde de la musique classique.
Du haut de ses, maintenant 86 ans, Marek Janowski s’est un peu assagi mais, à 79 ans, il n’hésita pas devenant le nouveau chef principal de l’un des plus prestigieux orchestres du monde, l’Orchestre philharmonique de Dresde. Il prend ses fonctions à partir de la saison 2019/2020 et continue à façonner et à développer le profil de l’orchestre pendant trois ans et signera même une rallonge d’un an soit jusqu’en 2023. Il succède alors à un certain Michael Sanderling (51 ans), digne fils de son père Kurt, autre légende de la direction d’orchestre. C’est un poste qu’un chef comme Janowski ne peut refuser, même à son âge. Un chef, de toutes les façons, on sait qu’il ne s’arrête pas.
Né à Varsovie en 1939, la baguette dans le berceau, Marek Janowski a grandi en Allemagne et de par son caractère, a très rapidement compris que son avenir dans la musique, c’était avant tout de diriger, donc de diriger un orchestre. Pour faire simple, il n’y a pas une salle d’opéra de renommée mondiale où il n’a pas été régulièrement invité à la fin des années1970. Dans les années 1990, Janowski s’est éloigné de l’opéra pour se concentrer davantage sur le domaine du concert. Et depuis plus de vingt ans, il impressionne de façon toujours renouvelée le public des orchestres philharmoniques et symphoniques les plus en vue dans le monde. Il aura dirigé plus de 100 fois la Neuvième de Beethoven !! Et il a aussi un faible très prononcé pour Wagner, Richard Strauss, Brahms et Bruckner.
Il a par exemple, en son temps, remis sur pied, sur seize ans de 1984 à 2000, un certain Orchestre Philharmonique de Radio-France qui rencontrait quelques difficultés, et qui avait fort besoin de retrouver à sa tête un chef, comme on dit à poigne ! Il reconnut par la suite que ce fut sa meilleure expérience en tant que…chef ! En suivant, il a dirigé de 2001 à 2003 l’Orchestre philharmonique de Dresde. Puis de 2002 à 2015, il a été chef d’orchestre principal du Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin. Etc…

Frank Peter Zimmermann © Irène Zandel / Hänssler Classic
Frank Peter Zimmermann est largement considéré comme l’un des plus grands violonistes de sa génération. Loué pour sa musicalité désintéressée, sa brillance et sa vive intelligence, il se produit avec tous les grands orchestres du monde depuis plus de trois décennies, collaborant à cette occasion avec les chefs d’orchestre les plus renommés. Ses nombreux engagements l’amènent à se produire dans toutes les grandes salles de concert et les festivals de musique internationaux du monde entier. La carrière est disons, éblouissante.
Né en 1965 à Duisbourg en Allemagne, il commence à jouer du violon à l’âge de 5 ans et donne son premier concert avec orchestre à 10 ans. Il a étudié avec Valery Gradov, Saschko Gawriloff et Herman Krebbers. On le dit capable de reconnaître à l’aveugle, qui joue parmi les trois plus grands violonistes du passé qui sont pour lui, Grumiaux, Oïstrach, Milstein.
Zimmermann est insatiable. Il a tout joué mais aussi, il a donné les premières mondiales du Concerto pour violon n° 2 de Magnus Lindberg, du Concerto pour violon « en sourdine » de Matthias Pinscher, du Concerto pour violon « The Lost Art of Letter Writing » de Brett Dean et du Concerto pour violon n° 3 « Juggler in Paradise » d’Augusta Read Thomas.
Au fil des ans, M. Zimmermann a constitué une discographie impressionnante pour BIS Records, Warner Classics, Sony Classical, Hassler Classic, Ondine, Decca, Teldec Classics et ECM Records. Il a enregistré la quasi-totalité du répertoire majeur du concerto, de Bach à Ligeti, ainsi que du répertoire de récital. Nombre de ces enregistrements, salués par la critique, ont reçu de prestigieux prix et distinctions dans le monde entier.
Frank Peter Zimmermann joue sur le violon Antonio Stradivari « Lady Inchiquin » de 1711, gracieusement fourni par la Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf, « Kunst im Landesbesitz ». Un violon qui a eu un parcours sinueux mais qui a fini par revenir entre ses mains.

Orchestre national du Capitole de Toulouse
Quelques mots sur le Concerto pour violon en ré majeur, op. 61. Depuis le 23 décembre 1806, il est entré au panthéon des grandes partitions pour cet instrument, marquant une date dans l’histoire de la musique, en ce sens qu’il ouvre la voie au grand concerto pour violon romantique. Des compositeurs comme Brahms, Mendelssohn, Bruch, Tchaïkovski répondront à l’appel. Jamais, jusqu’à présent, un instrument soliste ne s’était vu attribuer une partie d’une telle ampleur puisqu’on est autour des quarante-cinq minutes. Et pourtant, ça démarre mal. C’est un ami du compositeur, chouchou du public viennois, le violoniste Franz Clement qui crée le concerto, au Theater an der Wien qu’il dirige d’ailleurs. Le public n’est pas habitué à des œuvres aussi longues. Il faudra attendre Joseph Joachim, autre violoniste de génie et réputé, et ami de Brahms ! qui le rendra alors célèbre, et définitif. Ce sera à Londres, courant mai 1844. Joseph a treize ans et le joue sous la direction d’un certain … Felix Mendelssohn. Huit ans plus tard, il le joue à Berlin avec Liszt comme chef d’orchestre : succès retentissant.

Ludwig Van Beethoven par Joseph Willibrord Mähler
Trois mouvements, à savoir : Allegro ma non troppo – Larghetto – Rondo : allegro.
Le premier mouvement est le plus long, vingt-cinq minutes, non seulement de tous les concertos, mais aussi de toute la musique symphonique du compositeur, à l’exception du Finale de la Neuvième. À lui tout seul, c’est déjà la durée habituelle d’un concerto en ces temps-là, quel qu’en soit l’instrument. D’autre part, l’écriture de la partie violon est inhabituelle en ce sens qu’elle est située dans le registre le plus élevé de l’instrument. La partie favorite de Clément qui y excellait.
Dès l’imposante entrée de l’orchestre qui semble tourner autour de la ponctuation de quatre notes aux timbales, soliste et orchestre sont intimement liés. Le passage des thèmes à l’un ou à l’autre ne provoque jamais de digressions ornementales. La technique est puissante, tout entière tournée vers la cadence finale qui clôt le premier mouvement. Au fait, question cadence, notre violoniste en a-t-il une personnelle ? sinon, c’est la cadence Kreisler, car tant de violonistes ont pu écrire la leur. Le Larghetto développe une romance et six variations qui vont permettre aux vents de dialoguer avec le soliste, dans un climat d’absolue sérénité. « Un moment de poésie pure qui glisse entre rêve et réalité » a-t-on pu lire. Le handicap de la surdité déclenchée en 1802 paraît surmonté. Le Finale, enchaîné, est un Rondo rempli d’une joie débonnaire qui poursuit une course effrénée sur un thème populaire, traité tel un refrain qui conclut l’œuvre dans l’optimisme.

Peinture de Joseph Lange, beau-frère de Mozart, réalisée en 1783 ? restée inachevée
Sur la Symphonie n° 39 en mi bémol majeur KV 543
Elle est en quatre mouvements sur vingt-deux minutes :
Adagio. Allegro
Andante con moto
Menuetto: Allegretto
Finale. Allegro
Juin 1788 : Mozart traverse une période délicate, probablement en proie à des difficultés matérielles – c’est le onzième déménagement – et financières sévères – se devant de solliciter encore son ami Püchberg. Et papa Léopold est décédé depuis moins d’un an. Et sa dernière fille décède, âgée de quelques mois. La vie à Vienne ne lui est pas particulièrement facilitée. Et pourtant, en quelques semaines de cet été 1788, il va composer les trois dernières symphonies, trois chefs-d’œuvre qui vont surclasser toutes celles écrites auparavant par lui-même, et par d’autres. Et l’on ne sait pas si elles ont été exécutées de son vivant. Il n’empêche, qu’en rien, elles ne seront le reflet des affres du quotidien.
Pour la n° 39, les sentiments naviguent entre angoisse et sérénité, douceur contemplative et aspiration ardente. Sa construction singulière s’équilibre, d’une introduction lente dans laquelle la timbale joue un rôle moteur jusqu’à un Finale plein d’esprit, en passant par un Andante traversé de changements soudains d’états d’âme tandis que le Menuetto n’est que joie et esprit.
Orchestre national du Capitole