Dalloway un film de Yann Gozlan
L’adaptation, assez libre en fait, du roman de Tatiana de Rosnay : Les Fleurs de l’ombre (2020), entraîne le réalisateur Yann Gozlan dans un film d’anticipation totalement flippant, creusant au passage les pouvoirs et les relations de l’Intelligence Artificielle et la panique de l’écrivain en panne d’inspiration. Une réussite… angoissante !

Cécile de France (Clarissa) – Crédit : Zhou Yuchao
Clarissa a du mal, et on peut la comprendre, à se remettre du suicide de son fils Lucas. Romancière, elle est confrontée au syndrome de la page blanche. Pour se remettre à flot, elle aménage dans une résidence d’artiste high tech dans laquelle une assistante virtuelle, Dalloway, va la manager afin qu’elle retrouve le chemin de la création… Dans cet immeuble, d’autres artistes en difficulté ont choisi de se reconfronter à leur art : peinture, musique, etc. Mathias (Lars Mikkelsen), l’un d’eux, parvient, en dehors de tout contrôle, à faire parvenir un rendez-vous en externe à Clarissa. Cette dernière va alors apprendre, à sa grande stupeur, la finalité profonde de cette résidence.
Entre thriller et délire paranoïaque, Yann Gozlan nous emmène dans les dédales encore inconnus des dangers de l’Intelligence Artificielle, ici destinée à… Si le sujet ainsi développé est angoissant de nos jours, c’est simplement parce que cette fiction nous apparaît de plus en plus d’actualité. Isolée dans un appartement entièrement domotisé, sous la garde « bienveillante » d’Anne, la directrice de la résidence (Anna Mouglalis et son timbre de contralto totalement effrayant), la romancière n’a guère que Dalloway (la voix de Mylène Farmer, parfaitement aseptisée !) comme interlocutrice. Et lorsque cette dernière devient de plus en plus intrusive quant à la vie privée de Clarissa, le thriller se transforme en film d’épouvante. Le clin d’œil à 2001, l’Odyssée de l’espace (1968) n’est pas une injure au film de Yann Gozlan, loin s’en faut, car il éclaire plutôt d’un jour nouveau le génie visionnaire de Stanley Kubrick. Cécile de France incarne avec conviction, émotion et sensibilité une Clarissa en proie au pire des doutes, celui de son intégrité mentale. L’une de ses meilleures compositions à ce jour.
Un film parfaitement maîtrisé qui ne peut qu’interroger douloureusement sur un avenir qu’il est temps de reprendre en main !