Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Halloween de John Carpenter
Dix-huit ans après Psychose d’Hitchcock, Halloween faisait entrer le « slasher movie » dans la culture populaire et l’industrie cinématographique hollywoodienne. Un tueur masqué quasi-invincible officiant à l’arme blanche : de de la saga Vendredi 13 aux quatre premiers volets de Scream signés Wes Craven (brillante relecture et mise en abîme du genre), le pire a côtoyé le meilleur. Retour donc aux origines avec le troisième long-métrage de John Carpenter dont le prologue montre comment la nuit de Halloween vira à la tragédie en 1963 dans une petite ville de l’Illinois. Mike Myers, âgé de six ans, poignarda à mort sa sœur adolescente coupable aux yeux de l’enfant d’avoir flirté avec son petit ami. Interné durant quinze ans dans un établissement psychiatrique, Myers s’échappe et revient sur les lieux de son crime…
L’une des originalités – depuis sans cesse copiée – de Halloween est de mettre en scène une Amérique apparemment sans histoires et idéale face à une violence aussi primale que sauvage, de confronter l’insouciance de lycéens ou de jeunes gens à un tueur psychopathe. Grandes maisons aux pelouses soigneusement tondues, voitures rutilantes, enfants allant sagement à l’école, adolescents délurés mais pas trop : ce tableau rassurant va donc exploser sous les coups de lame de Mike Myers.
Entre banalité et horreur
Au-delà de son scénario posant les codes du « slasher », le film vaut par la mise en scène de Carpenter, son utilisation du cinémascope, l’élégance des mouvements de caméra, son utilisation de la profondeur de champ et la composition millimétrée des plans. La musique – composée par Carpenter et qui deviendra culte – épouse parfaitement le balancement entre normalité et horreur dans lequel Halloween évolue. L’allure de Myers illustre elle aussi cette ambivalence : son bleu de travail et ses chaussures de sécurité seraient d’une banalité rassurante s’ils n’étaient accompagnés d’un masque blanc suscitant l’effroi.
Face à l’expérimenté Donald Pleasence, Jamie Lee Curtis (fille de Tony Curtis et de Janet Leigh, l’héroïne de… Psychose) faisait ses débuts au cinéma et réussira au fil de sa brillante carrière à ne pas se laisser enfermer dans le rôle de Laurie Strode même si elle le reprendra dans six des douze autres films (suites et remakes) qui constitueront la franchise Halloween.
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