Lire Lolita à Téhéran, un film de Eran Riklis
Le dernier opus du réalisateur israélien Eran Riklis s’inspire du roman autobiographique d’Azar Nafisi : Lire Lolita à Téhéran (2003) et plus particulièrement de l’un de ses quatre chapitres intitulé Lolita. Le film nous plonge dans l’enfer du régime des mollahs qui tient l’Iran sous un joug fanatique depuis la révolution de 1979.

Le cercle de littérature clandestin – Crédit : Metropolitan FilmExport
Professeur de littérature, Azar Nafisi revient en Iran après la chute du Shah. Dans ses bagages, des livres occidentaux. Le regard que lui jette le douanier fouillant ses valises à son arrivée ne présage rien de bon. Ce qui va suivre le confirmera. Petit à petit, le régime du Guide Suprême Rouhollah Khomeini se révèle liberticide tant en terme de religion que d’éducation. Le port du voile devient obligatoire et l’enseignement contrôlé. Azar Nafisi va l’apprendre à ses dépends. Ayant vécu la liberté de l’Occident, elle va se révolter… en cachette, créant un cercle de lecture chez elle et y invitant quelques-unes de ses étudiantes. La répression s’infiltre partout. Les arrestations, les tortures, les exécutions se succèdent. Rien ne nous est ici caché, y compris la participation active de femmes iraniennes à la persécution de leurs consœurs.
Ce film trace le profil de la lecture comme acte de résistance politique, sociale et religieuse, ici dans les années 80/90 du siècle dernier. Nous savons bien que le sujet est le même aujourd’hui dans une société qui refuse sa place légitime à la femme, une société entre les mains d’autocrates au virilisme toxique.
D’une facture classique (pourquoi pas d’ailleurs ?), ce film, tourné en Italie, est porté par la lumière incandescente de la révolte qui brille dans les yeux de Golshifteh Farahani. Elle interprète la romancière Azar Nafisi avec l’intensité d’une femme qui a connu, en tant qu’actrice, les mêmes tourments. Toutes deux vivent en exil, la comédienne en France, l’autrice aux USA.