Désormais au Zénith, Zaho de Sagazan a comblé 9000 fans dimanche 17 novembre à Toulouse. L’occasion de découvrir en version concert les quelques pépites inédites figurant dans la nouvelle version de son album « La symphonie des éclairs ».
Son premier concert toulousain en vedette, Zaho de Sagazan l’avait donné dans des conditions difficiles. C’était en septembre 2023 dans le cadre du Rose Festival et elle avait dû affronter un vent chaud et des nuages de poussière dispersant parfois ses précieuses paroles. Pourtant, au sein d’une programmation privilégiant la grosse artillerie rap, elle avait su imposer sa voix profonde et son univers ô combien subtil et fragile. On comprenait dès lors pourquoi la jeune femme de 23 ans faisait à ce point sensation, portée par le succès de son premier album, « La symphonie des éclairs ». 14 mois plus tard, le phénomène Zaho de Sagazan est à son apogée.
Dimanche 17 novembre, un an après un Bikini à bloc, la chanteuse, désormais épaulée par 4 musiciens, a attiré 9000 fans au Zénith pour un show sobre mais puissant, très marqué par une esthétique électro des origines, tendance Kraftwerk. Les spectateurs, aux anges, ont retrouvé ces chansons – « Aspirations », «Dis-moi que tu m’aimes », « Je rêve », « Tristesse »…- tour à tour dépressives et bondissantes, qui leur trottent dans la tête depuis un an et demi. Il a donc été question d’amours fantasmées (et souvent « miséreuses »), de lutte incessante contre les idées noires, de ce corps « dont on ne voit que les défauts »… Le concert a aussi été l’occasion pour les fans de découvrir les 7 nouvelles chansons qui composent la version augmentée de l’album, sous-titré « Le dernier voyage ». Il ne s’agit pas là d’accommoder les restes, certains titres étant aussi accrocheurs que les meilleurs du disque initial. « O travers » (éloge des êtres « de traviole » que nous sommes tous) et « Hab sex » (« Je veux faire l’amour avec toi », dit-elle entre fièvre et désespoir, comme une version inquiète du classique de Michel Polnareff) sont deux exemples parfaits d’électro pop. « Old friend » (en duo avec Odell) est une nouvelle ballade, noyée de larmes, dont Zaho de Sagazan est devenue experte.
Face à un tableau aussi sombre de ses angoisses existentielles (dans lequel se retrouvent visiblement beaucoup de jeunes spectatrices), Zaho de Sagazan, sait, lors de ses rares interventions, faire preuve d’un humour salutaire. Elle n’hésite pas non plus à secouer le public, le trouvant « rigide » et l’invitant sur « Ne te regarde pas » à enfin « se lâcher » et danser et danser encore.
Souhaitons désormais que Zaho de Sagazan, aujourd’hui omniprésente, du Festival de Cannes aux Jeux Olympiques, des défilés de mode aux magazines populaires, ne se perde pas en route à la manière d’une Christine & the Queens, dont le parcours, fulgurant puis désastreux, a de quoi laisser un goût amer. On compte sur l’intelligence de la demoiselle pour garder la tête froide face à la symphonie des louanges et aux éclairs de la célébrité.
Album « La symphonie des éclairs : le dernier des voyages » (Disparate/Virgin/Universal).